Le rugby italien tire un trait sur la saison, le sport européen veut toujours croire à une reprise

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Reprendra ? Reprendra pas ? Qu’il s’agisse de football, de rugby, de handball, de basket ou de volley, la question de la reprise des championnats nationaux agite, depuis plusieurs jours, tous les clubs et les ligues professionnelles de sports collectifs, en France comme dans toute l’Europe.

Compte tenu de la situation sanitaire engendrée par l’épidémie de coronavirus, certains ont décidé de ne pas attendre et de tirer un trait sur la saison en cours. En Italie, qui compte plus de 8 200 morts dus au Covid-19, la fédération de rugby a donné, vendredi 27 mars, le coup de sifflet final aux championnats masculins et féminins dans toutes les catégories d’âge.

« Cette décision implique la non-assignation des titres de champion d’Italie et l’annulation de tous les processus de promotion et de relégation », a précisé la fédération italienne de rugby, qui est la première des grandes instances sportives transalpines à renoncer à aller plus loin.

Dans les autres sports collectifs phare en Italie, on continue malgré tout à croire qu’il sera possible de rejouer et de boucler la saison. On se dit même résolu à y parvenir. Comme en Serie A, le championnat de football.

« Nous allons tout faire pour que les championnats aillent au bout, au besoin nous demanderons à l’UEFA et à la FIFA d’aller au-delà du 30 juin et de jouer en juillet ou en août », a déclaré, mercredi 25 mars, Gabriele Gravina, le président de la Fédération de football.

Le football italien est loin d’être le seul à tenir un tel discours. Les autres Ligues européennes de football entendent toutes boucler l’exercice coûte que coûte. En France, la Ligue de football professionnel (LFP) a réaffirmé, lundi, que son « objectif prioritaire [est] de terminer la saison au plus tard le 30 juin ou éventuellement le 15 juillet ».

La Ligue allemande ne cesse de répéter que son but, « si c’est autorisé et évidemment si c’est acceptable en matière de santé publique », est de terminer la saison avant le 30 juin, au besoin en jouant à huis clos.

Vouloir tout mettre en œuvre pour finir ses championnats nationaux n’est pas une spécificité du football. En France, les clubs du Top 14, le championnat de rugby, s’inscrivent aussi dans cette optique : en tablant sur une reprise fin mai ou début juin, ils imaginent pouvoir disputer une finale mi-juillet.

Et pour rester dans l’Hexagone, la Ligue de volley a refusé de stopper définitivement la saison de Ligue A masculine – arrêt pourtant demandé par 13 des 14 clubs qui y évoluent – quand la Ligue de basket entend « honorer un champion, donner un classement qui donne accès à des Coupes européennes. » Le handball français a, lui, mis en place un groupe de travail pour étudier les suites possibles à donner à la saison. Ses conclusions sont attendues au plus tard le 15 avril.

Si les sports collectifs, partout en Europe, s’accrochent à l’idée d’une possible reprise rapide des compétitions nationales, c’est que l’actuelle suspension de ces dernières pèse lourd financièrement. Pas de matchs signifie pas de vente de billets et, si cela perdure, moins de recettes également à travers les droits télévisuels, les deux principales sources de revenus des grands championnats.

Le rugby anglais a par exemple évalué 45 à 50 millions de livres (54,6 millions d’euros) sur la prochaine année et demie les pertes de revenus. En football, si la saison ne reprend pas, les pertes possibles se chiffreraient à plus ou moins 700 millions d’euros en Espagne (dont 500 millions pour les seuls droits télévisuels), en Italie et en Allemagne.

Elles pourraient atteindre 400 millions en France, où Canal + estime qu’« il n’est pas envisageable » de payer « les échéances à venir », selon une lettre du patron du groupe, Maxime Saada, à la LFP, citée par l’Équipe.

Pour passer le cap, certains clubs ont négocié ou négocient des baisses de salaires ponctuelles avec leurs joueurs. C’est le cas en Allemagne (Mönchengladbach, Brême, Schalke 04, Dortmund, Leverkusen, Munich), ou en Espagne et en Italie (au FC Barcelone et à la Juventus, selon les médias locaux). La Ligue 1 française y travaille aussi.

En attendant, en France, c’est surtout le recours au chômage partiel qui est utilisé par le rugby (l’ensemble du Top 14) et le football (PSG, Marseille, Lyon, Montpellier, Reims, Nice, Brest, Amiens). Un appel aux financements publics qui fait grincer quelques dents.

Pour autant, même si la situation sanitaire s’améliorait assez rapidement, une reprise ne s’annonce pas aussi simple que cela. En témoigne ce qu’il se passe en Chine. Après avoir été interrompue dès janvier, la Chinese Super League, le championnat de football, envisageait de retrouver les terrains : il avait été question de le faire la semaine dernière, avant que les dates du 18 avril puis du 2 mai soient évoquées.

Mais désormais c’est fin mai ou début juin qui est évoqué, car un joueur brésilien évoluant en deuxième division, puis le Belge Marouane Fellaini, évoluant au Shandong Luneng, club de Super League, ont attrapé le coronavirus. Le basket, autre sport majeur en Chine, ne pourra, lui non plus, vraisemblablement pas reprendre en avril comme cela avait été envisagé. De quoi, peut-être, tempérer les velléités de reprise rapide des différents championnats européens.

« Personne n’est maître du calendrier ». Face à l’épidémie de coronavirus, le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët juge « pas raisonnable » de pronostiquer une date de reprise des compétitions. Mais « terminer le 30 juin paraît impossible », a-t-il concédé, vendredi 27 mars, dans un entretien à l’AFP.

« Personne ne sait quand finira la pandémie. Nous devons attendre comme tous les autres secteurs », a pour sa part déclaré Aleksander Ceferin, le président de l’UEFA, l’instance qui chapeaute le football en Europe, dans une interview, samedi, au quotidien italien La Repubblica. « Nous avons un plan A, B ou C : recommencer mi-mai, en juin ou même fin juin. Puis si nous ne réussissons pas, la saison est probablement perdue ». « Il y a même une proposition visant à faire finir cette saison au début de la saison prochaine qui commencerait un peu plus tard », a-t-il toutefois ajouté.

« L’objectif c’est de reprendre le plus vite, mais sans risque de santé pour nos spectateurs et nos joueurs », explique M. Le Graët. « Ce n’est pas à nous de décider. On ne reprendra que quand l’autorisation sera donnée. » Dans ce contexte, les élections à la présidence de la FFF, prévues fin décembre, pourraient être décalées de plusieurs semaines, voire « après » les Jeux olympiques de 2021, a par ailleurs déclaré M. Le Graët.

Source: lemonde.fr

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