Le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, pourrait échapper à un procès en Suisse

C’est une victoire judiciaire qui se profile pour Nasser Al-Khelaïfi. Sous le coup d’une procédure pénale depuis octobre 2017 et inculpé en février par le ministère public de la Confédération helvétique (MPC), pour « instigation à la gestion déloyale », le président qatari du Paris-Saint-Germain (PSG) pourrait échapper à un procès en Suisse.

Selon nos informations, le Tribunal pénal fédéral (TPF) suisse a demandé, jeudi 26 mars, au parquet de revoir sa copie en lui renvoyant son acte d’accusation dans le cadre du dossier de l’octroi à BeIN Media de droits télévisés des Coupes du monde de football 2026 et 2030 pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

Les juges considèrent que « tout porte à croire » que les faits reprochés à M. Al-Khelaïfi, en sa qualité de directeur de BeIN Media, et à l’ex-secrétaire général français de la Fédération internationale de football (2007-2015), Jérôme Valcke (inculpé pour gestion déloyale), s’inscrivent dans un contexte privé, sans « aucun lien » avec les activités professionnelles de ce dernier. Par conséquent, le TPF met en doute l’existence d’une infraction pour « gestion déloyale ».

Dans le cadre de son enquête, le MPC a notamment estimé que M. Valcke « a obtenu le remboursement d’un acompte d’environ 500 000 euros qu’il avait versé à des tiers pour une villa en Sardaigne, ce après l’achat de la villa par Al-Khelaïfi, via une société, à la place de Valcke ».

« M. Valcke a ensuite obtenu de M. Al-Khelaïfi le droit de jouissance exclusif de la villa pour une période de dix-huit mois au total – jusqu’à sa suspension de la FIFA – sans s’être acquitté pour cela d’un loyer d’une valeur estimée entre environ 900 000 euros et environ 1,8 million d’euros », précisait le parquet suisse, le 20 février, dans son communiqué.

Le contrat de location, consulté par Le Monde, a été signé le 1er juillet 2014 par un proche de M. Al-Khelaïfi, Abdelkader Bessedik, « manageur » de la société qatarie Golden Home Real Estate, et Jérôme Valcke, en tant qu’unique actionnaire de la société offshore Umbelina SA, domiciliée aux îles Vierges britanniques, un paradis fiscal. Créée en 2013 pour acheter un yacht, Umbelina SA est notamment apparue, en 2016, lors du scandale des « Panama Papers ».

« Effectif entre les deux parties pour une période de quatorze mois », le bail de location s’étirait du 1er avril 2014 au 31 août 2015 et était renouvelable pour douze mois. Le loyer annuel s’élevait à 96 000 euros. Le locataire devait s’acquitter de douze versements réguliers « par virement bancaire » de 8 000 euros. Les défenseurs de M. Al-Khelaïfi ont toujours assuré qu’il n’avait jamais été propriétaire de la villa.

Dans son acte d’accusation, le parquet suisse reprochait à M. Valcke de ne pas avoir « annoncé les avantages précités à la FIFA, se comportant ainsi de manière contraire à ses devoirs dans le cadre de son activité de secrétaire général de celle-ci, et du fait qu’il s’est enrichi de manière illégale ».

Or le TPF estime que cette transaction est « le résultat d’un accord conclu entre M. Al-Khelaïfi et M. Valcke à titre privé, sans aucun lien avec l’activité professionnelle de M. Valcke et la fonction qu’il exerçait ».

Le MPC a dix jours pour amender son acte d’accusation ou faire appel de la décision du Tribunal pénal fédéral. Selon un proche du dossier, « les juges n’ont pas souhaité aller au procès avec un dossier qui ne tenait pas la route ».

Contacté, le TPF n’a pas souhaité faire de commentaires. M. Valcke et son avocat, Patrick Hunziker, n’ont pas souhaité réagir. Le MPC et l’avocat de M. Al-Khelaïfi, Me Grégoire Mangeat, n’ont pas répondu à nos sollicitations.

En février, le président du PSG avait vu tomber les charges de « corruption active » qui pesaient sur lui dans cette affaire, après que la FIFA eut décidé de retirer la plainte qu’elle avait déposée en décembre 2016. Le MPC a indiqué qu’un « accord amiable » avait été trouvé, en janvier, entre M. Al-Khelaïfi et la FIFA. Les défenseurs du Qatari se sont engagés à payer les frais juridiques de la FIFA dans cette procédure.

Sans avoir participé à cet accord amiable, M. Valcke a, par ricochet, bénéficié de ce classement partiel de la procédure. Mais le Français reste poursuivi de corruption passive et est soupçonné par le MPC d’avoir reçu 1,25 million d’euros d’un troisième prévenu, un homme d’affaires dont l’identité n’a pas été dévoilée.

Si la perspective d’un procès en Suisse s’éloigne, M. Al-Khelaïfi n’en a pas fini avec la justice. Il a par ailleurs été mis en examen, en mai 2019, pour corruption active, en France, dans le cadre d’une enquête sur l’attribution des Mondiaux d’athlétisme 2017.

Source: lemonde.fr

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