Le Tour de France mise toujours sur un départ fin juin, mais envisage d’autres scénarios

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Le Tour de France sent le vent du boulet passer. Le report de l’Euro de football puis des Jeux olympiques (JO), en l’espace d’une semaine, a laissé l’événement seul au milieu du désert qu’est devenu le calendrier sportif estival.

Amaury Sport Organisation (ASO) ne fait aucun commentaire officiel – comme l’Union cycliste internationale – sur les spéculations concernant une annulation ou un passage à un modèle réduit de la course. En interne, on ne se dit pas pressé de trancher.

La course, qui ne visite aucun pays étranger cette année, est toujours prévue pour s’élancer le 27 juin de Nice, pour une arrivée à Paris le 19 juillet. Tous les préparatifs sont faits, les réunions en préfecture bouclées jusqu’à la dernière étape, les chambres d’hôtel réservées. Ces temps-ci, les villes étapes transmettent à ASO les éléments qui serviront pour le guide touristique du Tour.

Les JO et l’Euro, souligne une source chez ASO, sont des événements quadriennaux, par définition reportables d’un an. Ce n’est pas le cas du Tour, dont l’annulation mettrait en péril le sport cycliste. Seules les deux guerres mondiales ont eu raison de ce phénomène de société, a pour habitude de dire le directeur du Tour, Christian Prudhomme. Maintenant que les JO ont été décalés, l’argument ne pèse plus très lourd.

Parce qu’il suppose la contribution des services de l’Etat et des collectivités (réfection des routes, 29 000 policiers, gendarmes et pompiers mobilisés), le destin du Tour 2020 n’est pas uniquement dans les mains de l’organisateur. « Ce n’est pas nous qui dirons oui ou non, dit-on au ministère des sports, ce sera en fonction des consignes gouvernementales. » Dans un Tweet publié tard mercredi 25 mars, la ministre Roxana Maracineanu a donné la ligne officielle du moment : « Le Tour est un monument du sport. Il est trop tôt pour décider. »

Il faut se fier aux interlocuteurs d’ASO, en contacts réguliers avec Christian Prudhomme et ses proches, pour connaître le calendrier que s’est fixée l’entreprise, déjà touchée économiquement par le report de tous ses événements du printemps (courses cyclistes, semi-marathon et marathon de Paris). Adrien Eymard, directeur marketing France des pneus Continental, sponsor majeur du Tour, affirme qu’aucune date limite n’a été évoquée, mais que la décision sera prise dans « quelques jours, quelques semaines. Ils n’attendront pas début juin ». « Si on est encore mi-avril dans une phase de montée de la pandémie, le Tour devient très, très compliqué », estime Marc Madiot, manager de l’équipe Groupama-FDJ et président de la Ligue nationale de cyclisme.

Stéphane Villain, vice-président du conseil départemental de Charente-Maritime, où la course observera son premier jour de repos, et maire Les Républicains (LR) de Châtelaillon-Plage, ville départ de la onzième étape, a joint Christian Prudhomme par téléphone le 22 mars : « Selon lui, pour le moment il n’y a aucun problème, le Tour va se dérouler comme prévu. er L’hypothèse d’un report n’a pas été évoquée. Ce serait plus compliqué si le confinement obligatoire dépasse la date fatidique du 1mai, notamment pour l’entraînement des coureurs. »

« Christian Prudhomme attend de connaître la fin de la période de confinement, confirme Jean Deguerry, président LR du conseil départemental de l’Ain, qui accueillera deux étapes. La semaine dernière, il attendait l’avis du comité scientifique pour savoir à quel moment les coureurs auraient le droit de sortir pour s’entraîner. »

Plus pessimiste, Philippe Dubernard, chargé de la coordination du Tour de France à Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), qui accueillera une arrivée et un départ d’étape, « continue de croire à l’organisation du Tour, même si cela semble de plus en plus difficile et dérisoire à côté de ce qu’on vit ». Le maire, Daniel Spagnou (LR), veut être fixé d’ici à trois semaines.

Si chacun semble s’entendre sur l’échéance du 1er mai, les opinions divergent concernant l’hypothèse d’un Tour à huis clos, bel et bien envisagée par les organisateurs. « Le modèle économique du Tour ne repose pas sur de la billetterie mais sur les droits télé et la retransmission média », a rappelé Roxana Maracineanu sur France Bleu mercredi, soulignant q’un huis clos « ne serait pas si pénalisant puisqu’on pourrait suivre à la télévision. »

Chez Continental, on confirme que le scénario est sur la table et qu’il est préférable à l’annulation, même si cela implique la suppression de la caravane publicitaire et peut-être du « village départ » (qui permet d’inviter des clients). « On croise les doigts pour que cela puisse se faire sur un format le plus proche de la normale », précise son directeur marketing.

Les équipes aussi sont prêtes à envisager un Tour sans public, même si ce schéma serait, selon Marc Madiot, difficile à mettre en place. Iwan Spekenbrink, patron de la formation Sunweb et qui représente les équipes dans les négociations avec les organisateurs et l’UCI, explique : « Sans public, à une autre date… tant que la santé est assurée. Il est important que, d’une manière ou d’une autre, il y ait un Tour de France.de se Je peux même imaginer que ce soit la course de reprise, même s’il faudra s’assurer que tout le monde ait pu s’entraîner avant un minimum maines sur la route. »

Une hypothèse qui n’enchante pas Marc Madiot, pour qui « il faut un minimum de courses en juin pour prendre le départ dans des conditions à peu près normales ».

Les plus réticents à convaincre seront les élus, tous opposés à l’hypothèse d’un Tour sans public. Forcer leurs habitants à rester chez eux, loin de l’animation du Tour, alors qu’ils ont payé pour l’accueillir semble inenvisageable. « Un Tour avec des coureurs mais pas de public, ça ne colle pas », dit Michel Valla, maire divers droite de Privas (Ardèche), arrivée de la cinquième étape. « Ce serait catastrophique, renchérit Daniel Spagnou, maire LR de Sisteron. Même si c’est un crève-cœur, je préfère qu’on le reporte pour en faire une très belle fête l’année prochaine. »

les coureurs peuvent courir, « A huis clos, s’agace Robert Casadebaig, maire divers droite de Laruns (Pyrénées-Atlantiques). S’il faut le faire, on ne se dérobera pas. Mais empêcher les gens d’aller voir les étapes de montagne me semble assez irréaliste. »mais ce n’est plus le Tour. Et pour nous, collectivités, ce serait une terrible frustration,

Pour les collectivités, un report en août n’aurait pas non plus grand intérêt : à cette période, l’industrie touristique tourne déjà à plein, avec ou sans Tour de France.

Source: lemonde.fr

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