Jeux olympiques : le CIO et le Japon ouvrent la voie à un report

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Sous pression, depuis quelques jours, d’une part grandissante du monde sportif pour reporter l’édition 2020 des Jeux olympiques (JO), compte tenu de l’épidémie due au coronavirus, le Comité international olympique (CIO) s’était jusqu’à présent borné à répondre qu’il était encore trop tôt pour prendre toute décision. Dimanche 22 mars au soir, sa position a singulièrement évolué. Si l’instance écarte l’idée d’une annulation, elle évoque ouvertement, pour la première fois, la possibilité d’un report.

« Nous avons entamé des discussions avec tous les partenaires pour dresser un état des lieux du développement rapide de la situation sanitaire et de son impact sur les Jeux olympiques, comprenant un scénario de report », a écrit le président du CIO, Thomas Bach, dans une lettre aux sportifs.

Le CIO se donne désormais quatre semaines pour prendre une décision concernant les Jeux, prévus à la fin de juillet au Japon. « Nous sommes confiants dans le fait que nous aurons finalisé ces discussions dans les quatre prochaines semaines, a assuré M. Bach. Une annulation des Jeux olympiques détruirait le rêve olympique de 11 000 sportifs des 210 Comités nationaux olympiques, de l’équipe des réfugiés et des sportifs paralympiques. » De ce fait, l’annulation « n’est pas à notre agenda ».

A l’instar du CIO, la position du premier ministre japonais, Shinzo Abe, a évolué. S’exprimant devant le Parlement, à Tokyo lundi, il a assuré que son pays était toujours engagé à organiser les JO dans les meilleures conditions, mais que « si cela devenait difficile, en tenant compte en priorité des athlètes », la décision d’un report « pourrait devenir inévitable ».

Malgré la pandémie et les interrogations grandissantes autour des JO de Tokyo, M. Abe n’avait jamais évoqué officiellement cette option. « L’annulation n’est pas parmi les possibilités », a néanmoins insisté M. Abe, à l’unisson avec Thomas Bach. En revanche, un haut responsable du Comité olympique australien a estimé qu’il était « clair » que les JO de Tokyo ne pourraient se tenir cet été comme prévu, et a exhorté ses athlètes à se préparer pour 2021.

« A partir du moment où le CIO indique qu’il réfléchit à d’autres solutions, c’est qu’il a déjà pris l’option de les reporter », a souligné, de son côté, Denis Masseglia, président du comité national olympique et sportif français (CNOSF), lundi matin sur RMC.

La propagation de l’épidémie due au coronavirus et les confinements décrétés dans un très grand nombre de pays ont considérablement modifié la donne dans le monde sportif au cours des dix derniers jours. La plupart des grandes compétitions prévues ce printemps et au début de l’été (l’Euro de football par exemple) ont été annulées ou reportées sine die. Les sportives et les sportifs ont été contraints à l’arrêt.

Compte tenu de cette situation, quelques athlètes ont commencé, isolément, à donner de la voix pour réclamer un report des JO. Cette demande a pris de l’ampleur en fin de semaine quand elle a été relayée, aux Etats-Unis, par deux fédérations de poids dans l’univers olympique, celles de natation et d’athlétisme. Celles-ci ont été suivies, durant le week-end du 21 et du 22 mars, par un nombre de plus en plus important d’autres instances sportives nationales.

Face à cette pression, le CIO avait choisi d’adresser, le week-end, aux différents Comités nationaux olympiques un questionnaire intitulé « Covid-19 et la préparation des Jeux olympiques de Tokyo 2020 ». Il s’agissait de préparer une réunion de sa commission exécutive programmée mardi 24 mars.

Aux Etats-Unis, 70 % des 300 athlètes ayant participé à une séance de consultation, samedi, avec des responsables de leur Comité olympique ont dit souhaiter que les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo soient reportés, a rapporté dimanche le quotidien USA Today. Le Canada a, lui, « pris la décision difficile de ne pas envoyer d’équipes » aux JO de Tokyo, ont annoncé le Comité olympique canadien et le Comité paralympique canadien. Ces derniers appellent le CIO à « reporter les JO d’un an ».

En France, les fédérations olympiques ont jusqu’à mardi 8 heures du matin au plus tard pour faire parvenir au Comité national olympique (CNOSF) leurs réponses au questionnaire du CIO. Plusieurs d’entre elles (natation, athlétisme notamment) ont d’ores et déjà prôné un report. Des réunions en visioconférence sont prévues au niveau du CNOSF. Tous les présidents des fédérations concernées se répartiront en quatre groupes de travail, d’ici à jeudi.

« L’annonce du CIO qui officialise le travail mené sur un potentiel report était nécessaire. Une décision doit venir au plus vite pour apaiser les craintes et les questionnements du mouvement sportif français qui réagit en citoyen et aussi en institution responsable, a commenté, dimanche, la ministre des sports, Roxana Maracineanu. L’urgence est ailleurs, dans les hôpitaux, les services publics, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. »

« Evidemment, cette inquiétude face à l’évolution de la pandémie, je la partage. Je suis certaine que le CIO en a bien conscience car je l’ai déjà dit, il est impensable d’imaginer que le CIO ou l’Etat japonais puissent prendre le moindre risque pour l’intégrité des athlètes et des délégations », a également déclaré Roxana Maracineanu.

Source: lemonde.fr

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