La galère des athlètes paralympiques après le report des Jeux de Tokyo

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« On fait autant de sacrifices, si ce n’est plus, que les athlètes valides, et on n’est pas fichus de nous mettre en avant. » Le nageur handisport Théo Curin n’en démord pas. Difficile de le contredire tant le report des Jeux olympiques à l’été 2021 a accaparé l’attention pendant que celui des Jeux paralympiques (du 24 août au 5 septembre 2021), victimes eux aussi de la pandémie de Covid-19, passait presque inaperçu.

Figure du handisport français, le sauteur en longueur Arnaud Assoumani a aussi fait part de sa frustration en publiant une longue lettre sur Twitter le 30 mars : « Saviez-vous que les femmes étaient interdites de participer aux Jeux olympiques en 1896 ? Ça vous paraît aberrant en 2020 ! Mais savez-vous que les Jeux paralympiques existent aujourd’hui ? »

Au-delà de cette question de reconnaissance, ce report en catimini pose des problèmes bien spécifiques au sport paralympique. L’ex-athlète Marie-Amélie Le Fur le sait bien. « Les interrogations et les angoisses engendrées par le report, déjà fortes chez les athlètes valides, le sont encore plus pour les sportifs paralympiques », avance la triple championne paralympique, désormais présidente du Comité paralympique et sportif français.

Si le repos forcé n’est jamais profitable aux sportifs, il l’est encore moins pour des athlètes handisport. « Malgré le confinement, on continue de s’entraîner ! C’est important pour notre capital santé », explique Perle Bouge, membre de l’équipe de France d’aviron handisport. Atteinte d’une paraplégie, cette rameuse poursuit coûte que coûte son entraînement à domicile.

Le plus grand défi pour ces athlètes consiste à conserver leur mobilité, déjà réduite, dans cette situation inhabituelle. Maintenir une activité sportive et un accès minimal aux soins devient un enjeu important pour la Fédération française de handisport (FFH). « Il y a des liens très forts entre la pratique sportive et l’autonomie. Il est déterminant que certains de nos sportifs puissent avoir une activité régulière. Ce sont des moments-clés », relève Pierrick Giraudeau, directeur de la performance au sein de cette instance.

Médecin en Bretagne, Vincent Detaille intervient notamment auprès de l’équipe de France d’athlétisme handisport. Ce spécialiste de la rééducation essaie de résoudre les problèmes que peuvent rencontrer ses athlètes. « Certains, qui ont par exemple une atteinte neurologique sur un membre, ont besoin de le mobiliser, sinon cette partie du corps risque de s’enraidir un peu plus, raconte-t-il. Nous avons eu le cas d’un lanceur de poids qui a une atteinte médullaire [une paralysie]. Il a subi récemment une opération et il y a encore du travail de rééducation que l’on parvient à organiser. »

Source: lemonde.fr

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