Coronavirus : le sport français cherche comment exprimer son souhait d’un report des JO

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Faut-il ou non reporter les Jeux olympiques qui doivent avoir lieu à Tokyo, au Japon, du 24 juillet au 9 août ? Attentiste, le Comité international olympique (CIO) se réserve encore le temps de la réflexion, malgré l’expansion de la pandémie due au coronavirus. D’après les informations de l’agence Reuters, le CIO et les organisateurs japonais réfléchiraient désormais discrètement à différents scénarios de report.

Aux Etats-Unis, des fédérations importantes, celles de natation et d’athlétisme, ont fait comprendre, en fin de semaine, qu’elles étaient favorables à la perspective d’un report. Suivies par un nombre de plus en plus important d’autres instances sportives nationales.

La Fédération française de natation (FFN) s’est par exemple exprimée en ce sens. Dans un communiqué, publié samedi 21 mars, elle a demandé « d’étudier en toute transparence la possibilité d’un report des JO ».

Son président, Gilles Sezionale, a, au passage, critiqué la politique du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), qu’il accuse de maintenir « une position ferme quant à la tenue des JO sans même avoir la décence de vouloir évoquer l’option du report ».

En coulisse, d’autres présidents de fédération partagent cet agacement. Selon une source haut placée dans la hiérarchie du sport français, qui l’explique au Monde, ils reprochent au CNOSF une certaine frilosité. Comme si celui-ci voulait éviter de froisser le CIO, qui a confié l’organisation des JO de 2024 à Paris.

Sollicité par Le Monde, Denis Masseglia, le président du CNOSF, se dit « très précautionneux ». Il se contente de déclarer qu’un communiqué devrait bientôt préciser la position du sport français. Pas avant mardi 24 mars, laisse-t-il entendre.

D’après nos informations, les fédérations olympiques du pays auront jusqu’à ce jour-là, 8 heures du matin au plus tard, pour faire parvenir au CNOSF leurs réponses au questionnaire intitulé « Covid-19 et la préparation des Jeux olympiques de Tokyo 2020 », transmis ce week-end par le CIO aux différents comités nationaux olympiques avant la réunion de sa commission exécutive mardi.

Des réunions en visioconférence sont également prévues au niveau du CNOSF. Tous les présidents des fédérations concernées se répartiront en quatre groupes de travail, d’ici à jeudi. « On a validé en bureau exécutif du CNOSF avant-hier soir [jeudi 19 mars] la mise au même niveau d’information de toutes les fédérations », précise Eric Tanguy, l’un des vice-présidents du CNOSF, et par ailleurs président de la Fédération française de volley.

Pour l’heure, sur la forme, la prise de position de la natation suscite quelques remous. James Blateau, président de la Fédération française de gymnastique, l’a trouvée « assez choquante et étonnante » :

Chez certains dirigeants, on appelle à la prudence. S’il « respecte évidemment la position de la FFN », Jean-Lou Charon, trésorier du CNOSF et président de la Fédération française de golf, estime que les dirigeants de la natation française « sont allés un peu vite et qu’on doit prendre un peu de recul » : « Le temps est plutôt à un état des lieux, fédération par fédération. »

Même précaution de la part de Florent Chayet, président de la Fédération française de badminton :

« Moi, je ne demande rien, déclare Alain Bertholom, de la Fédération de lutte. J’essaie de ne pas surcommuniquer et de ne pas rajouter de l’anxiété à l’anxiété. Le CNOSF est l’interlocuteur du CIO. Chaque sport est différent et spécifique. Bien sûr que pour un nageur qui ne peut pas nager, c’est compliqué. Mais un lutteur qui n’a pas de “sparring-partner”, ce n’est pas simple non plus. »

Autant la communication de la fédération de natation entraîne des divergences d’appréciation, autant, dans leur ensemble, tous les présidents interrogés par Le Monde se disent prêts à envisager l’éventualité d’un report.

C’est le cas du président de la Fédération française d’athlétisme, l’une des plus importantes parmi les sports olympiques. « Beaucoup de présidents pensent aujourd’hui qu’un report est inévitable. Il faut être raisonnable et dire les choses telles qu’elles sont, argumente André Giraud. Mais c’est vrai que la décision appartient au CIO et que le CNOSF a besoin de concerter toutes ses fédérations. »

Pour le patron de l’athlétisme français, il convient d’envisager « si la crise est endiguée d’ici fin mai, un report des Jeux à l’automne. Mais le plan C serait un report de six mois ou un an » :

« En principe, mon bureau directeur, qui se réunit lundi, va demander un report », explique André Martin, président de la Fédération française de boxe, qui devait accueillir un tournoi mondial de qualification olympique en mai, pour le moment reporté à la fin de juin. « On n’aura pas le temps matériellement de tout organiser. On n’est plus dans les clous de la préparation olympique. »

Alors que le CIO consulte également au niveau de ses fédérations internationales, les situations face à cette pandémie diffèrent d’un continent à l’autre, parfois d’un pays à l’autre. « Peut-être que le report est la bonne décision mais je pense qu’il y a des gens au CIO qui ont une meilleure vision planétaire. Nous, depuis la France, est-on les mieux placés pour prendre ce genre de décisions et se permettre d’avoir un avis ? », tempère le patron du volley français, Eric Tanguy.

Malgré les tensions, dès la semaine prochaine, le CNOSF entend parvenir à « une démarche unitaire et structurée pour mieux exprimer une position qui soit la plus représentative possible », comme il l’a fait savoir dans un courrier électronique envoyé samedi aux présidents de fédérations et auquel Le Monde a eu accès.

En attendant, dimanche midi, Olivier Véran, le ministre des solidarités et de la santé, a dit ce qu’il pensait de la possibilité de maintenir les Jeux à la date initiale de juillet : « Ai-je vocation à demander la suspension des JO ? Non. Est-ce que, en tant que ministre, je souhaiterais envoyer nos athlètes pour y participer ? Non », a-t-il déclaré au cours de l’émission du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI ».

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Source: lemonde.fr

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