Manger tard le soir : pourquoi est-ce une mauvaise habitude ?

Comment prévenir l’obésité et le surpoids ? Une étude vient de confirmer que manger tard le soir s’avère être néfaste pour notre métabolisme et notre horloge biologique interne, augmentant à long terme les risques d’obésité et de surpoids.

L'obésité peut être un risque pour la santé

Les repas tardifs peuvent être un facteur à risque favorisant l’obésité et le surpoids.

Roos Koole / ANP / ANP via AFP

Avez-vous déjà entendu l’expression « celui qui dort, dîne » ? Issue du Moyen-Âge, cette expression veut aujourd’hui dire que lorsque l’on dort, on oublie la sensation de faim. Une expression à prendre au mot si l’on tient compte de l’étude réalisée par Nina Vujovic au Brigham and Women’s Hospital à Boston (États-Unis) sur 16 patients atteints d’obésité et de surpoids publiée dans Cell Metabolism.

HEURES DE REPAS. Cette étude a permis d’identifier les risques biologiques lors de la prise d’un repas tardif en comparaison avec un repas pris quatre heures plus tôt. Aux Etats-Unis (USA), on mange tôt : entre 17 heures et 18 heures. Manger à 20 heures aux USA reviendrait à manger vers 22 heures en France ! C’est pourquoi lors de cette étude, les repas ont été administrés aux patients soit à 16 heures, soit à 20 heures.

Les hormones régulent notre appétit

Dans notre organisme, la sensation de faim ou de satiété est contrôlée par des hormones. Les hormones sont des molécules qui permettent de transmettre un message chimique dans l’organisme à très faibles doses (parmi les hormones les plus connues, on retrouve l’insuline, sécrétée par le pancréas). La sécrétion d’hormones est soumise au rythme circadien, une période d’environ 24 heures qui permet de réguler les taux d’hormones ainsi que d’autres fonctions physiologiques comme le sommeil. Un déséquilibre hormonal peut entrainer l’apparition de maladies chroniques telle que l’obésité qui correspond a un excès de masse grasse et peut entrainer des risques pour notre santé.

Lorsque l’estomac est vide, l’hormone ghréline, aussi appelée « hormone de la faim », est libérée jusqu’à l’hypothalamus. L’hypothalamus est une glande cérébrale impliquée dans de nombreuses fonctions de l’organisme telles que la faim, le sommeil ou la température corporelle. Il synthétise des hormones en réponse à différents stimuli qui vont agir directement sur les organes ou sur l’hypophyse, glande sous-jacente. La libération de ghréline vers l’hypothalamus va permettre l’activation de voies métaboliques impliquées dans le stockage des lipides (matières grasses).

Les lipides sont stockés dans les cellules adipeuses ou adipocytes, formant ce que l’on appelle la graisse qui constitue une réserve énergétique pour notre métabolisme. On retrouve préférentiellement le tissu adipeux en sous-cutané (sous la peau) et dans l’abdomen ou il entoure les viscères. Il est également présent en grande quantité au niveau de la poitrine, des hanches, des cuisses et des fesses chez les femmes et au niveau de la nuque chez les hommes. Les tissus adipeux représentent 15% à 25% de la masse totale d’un individu non obèse.

Lorsque l’estomac se remplit, la ghréline laisse sa place à la leptine (aussi appelée « hormone de satiété ») produite par les tissus adipeux, qui régule l’appétit. Sa présence en grande quantité induit la lipolyse qui correspond à la dégradation des lipides, soit, des graisses ! A l’inverse, un manque de leptine induit l’augmentation de tissus adipeux et du stockage de masses grasses, mécanisme que l’on nomme adipogénèse.

Les repas tardifs augmentent la faim et favorisent la formation de graisses

En effet, manger tard a beaucoup de conséquences sur notre métabolisme. L’un d’entre eux est le dérèglement hormonal de la ghréline et de la leptine.  Sur une période de 24 heures, un repas tardif favorisera la production de ghréline au détriment de la leptine, donnant ainsi une sensation de faim plus importante ! Manger tard favorise également la formation de masse grasse. La surexpression des gènes GPAM, ACLY, AACS et CLERK responsables de la synthèse de lipides entrainent la formation et le stockage de ceux-ci dans les adipocytes.

Du reste, manger tard entraine une diminution de l’expression de gènes à l’origine de la production de protéines et impact la régulation des voies de signalisation cellulaire. Par exemple, la sous-expression de gènes appartenant à la voie de signalisation p38 MAP kinase (MAPK) favoriserait l’adipogénèse (formation des adipocytes). Mais ce n’est pas tout, la voie de signalisation du Transforming Growth factor-ß (TGF-ß) va également subir les effets de ces repas et gourmandises tardives. Le TGF-ß est une cytokine responsable de la prolifération et différenciation cellulaire et sa régulation est indispensable pour éviter le développement de troubles du système immunitaire tels que l’apparition de cellules cancéreuses. En effet, le TGF-ß a un rôle protecteur permettant de stopper la prolifération de cellules cancéreuses. Or, lorsque l’on mange tard, l’activateur de la voie TGF-ß, THBS1 va être produit en quantité inférieure que lors d’un repas à heures fixe augmentant les chances de laisser les cellules cancéreuses se développer.

Les Gremlins nous l’ont bien prouvés dans les années 1980 : manger tard peut s’avérer fâcheux pour la santé.

Source: Sciencesetavenir.fr
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