Manger bio nous fera-t-il vivre plus vieux ?

Les scientifiques peinent à étayer le « bénéfice santé » présumé d’une alimentation à base de produits issus de l’agriculture biologique.

Le rayon bio d'un supermarché

Le rayon bio d’un supermarché

Justine Bonnery / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir – La Recherche n°904, daté juin 2022. 

Depuis 2015, la consommation d’aliments issus de l’agriculture biologique a plus que doublé en France pour atteindre 6,5 % de la dépense alimentaire des ménages. En 2020, 15 % des Français déclaraient même en consommer tous les jours. Principale raison de cet engouement ? La santé, selon une enquête d’opinion de l’institut de sondage CSA (2020), puisque le bio permet de réduire son exposition aux pesticides de synthèse utilisés en agriculture conventionnelle.

Une étude qui a fait grand bruit

Pourtant, les scientifiques ont toutes les difficultés du monde à étayer ce « bénéfice santé » présumé. Certes, nombre d’études ont déjà constaté que les consommateurs d’aliments bio sont en moyenne en meilleure santé que les autres. Mais ils sont aussi ceux qui ont une alimentation plus équilibrée, qui font plus attention à leur santé de façon générale avec moins d’aliments gras ou ultratransformés, plus de fruits et légumes et moins d’alcool… Autant de facteurs qui rendent difficiles les comparaisons.

En 2018, une vaste étude épidémiologique publiée dans Jama Internal Medicine par une équipe française a fait grand bruit en annonçant une diminution de 25 % des risques de cancer chez les consommateurs « réguliers » d’aliments bio par rapport aux autres. Une conclusion accueillie avec prudence par l’Académie nationale de médecine qui déclarait six mois plus tard « qu’à ce jour, au vu de cette seule étude, le lien de causalité entre alimentation bio et cancer ne peut être affirmé et invite à la prudence dans l’interprétation trop rapide de ces résultats« .

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir – La Recherche n°904, daté juin 2022. 

Depuis 2015, la consommation d’aliments issus de l’agriculture biologique a plus que doublé en France pour atteindre 6,5 % de la dépense alimentaire des ménages. En 2020, 15 % des Français déclaraient même en consommer tous les jours. Principale raison de cet engouement ? La santé, selon une enquête d’opinion de l’institut de sondage CSA (2020), puisque le bio permet de réduire son exposition aux pesticides de synthèse utilisés en agriculture conventionnelle.

Une étude qui a fait grand bruit

Pourtant, les scientifiques ont toutes les difficultés du monde à étayer ce « bénéfice santé » présumé. Certes, nombre d’études ont déjà constaté que les consommateurs d’aliments bio sont en moyenne en meilleure santé que les autres. Mais ils sont aussi ceux qui ont une alimentation plus équilibrée, qui font plus attention à leur santé de façon générale avec moins d’aliments gras ou ultratransformés, plus de fruits et légumes et moins d’alcool… Autant de facteurs qui rendent difficiles les comparaisons.

En 2018, une vaste étude épidémiologique publiée dans Jama Internal Medicine par une équipe française a fait grand bruit en annonçant une diminution de 25 % des risques de cancer chez les consommateurs « réguliers » d’aliments bio par rapport aux autres. Une conclusion accueillie avec prudence par l’Académie nationale de médecine qui déclarait six mois plus tard « qu’à ce jour, au vu de cette seule étude, le lien de causalité entre alimentation bio et cancer ne peut être affirmé et invite à la prudence dans l’interprétation trop rapide de ces résultats« .

Fondés sur l’analyse des comportements alimentaires de 68.946 participants de la cohorte nationale NutriNet-Santé suivis pendant sept ans, ces travaux montraient en fait que les femmes ménopausées consommant essentiellement du bio avaient un risque diminué de 34 % de cancer du sein et de 76 % de lymphome non hodgkinien (qui touche certains globules blancs). Mais aucune différence n’avait été observée sur d’autres types de cancers, pas plus que chez les hommes ou les participants de moins de 50 ans. Reste que le signal détecté par ces travaux d’ampleur inédite mérite de s’intéresser de plus près aux effets potentiels des résidus de pesticides sur l’organisme.

Une étude a montré une réduction du stress oxydant

C’est précisément ce qu’a fait une équipe chypriote dans une expérience publiée en janvier. Elle a porté sur 191 enfants séparés en deux groupes : le premier a mangé exclusivement bio durant quarante jours avant de revenir à son régime habituel, tandis que le second groupe faisait le chemin inverse (conventionnel puis bio). L’analyse fine des 850 échantillons prélevés au cours de l’expérience associe pour la première fois l’alimentation bio à une réduction du stress oxydant, une forme d’agression des cellules par de petites molécules issues du métabolisme, connue pour favoriser maladies chroniques et cancers.

L’alimentation bio pourrait ainsi avoir un « bénéfice santé », même limité. À condition bien sûr d’adopter une alimentation équilibrée, étant entendu que pour vivre vieux, un régime sain issu de l’agriculture conventionnelle vaut toujours mieux que de se nourrir uniquement d’aliments gras et sucrés mais bio.

Source: Sciencesetavenir.fr
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