LFI : Manuel Bompard balaie les critiques de Clémentine Autain et François Ruffin sur le manque de démocratie interne

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Manuel Bompard, qui doit prendre la tête de la nouvelle coordination de La France insoumise (LFI), a balayé lundi 12 décembre les critiques des députés Clémentine Autain et François Ruffin, qui ont dénoncé le « rétrécissement » du mouvement après avoir été écartés de sa direction.

« Mon problème aujourd’hui, ce n’est pas Clémentine Autain ou François Ruffin, mon problème c’est Emmanuel Macron, mon problème c’est l’extrême droite, et mon problème c’est comment on fait en sorte que dans ce pays la souffrance sociale et écologique, on y apporte une réponse », a répliqué sur France Inter le député des Bouches-du-Rhône qui doit remplacer Adrien Quatennens, mis sur la touche après avoir reconnu des violences conjugales.

« Mon rôle, c’est d’assurer notre unité, c’est d’assurer le travail de développement de notre mouvement et certainement pas d’arbitrer en 2022 qui sera le prochain candidat à l’élection présidentielle de 2027 », a-t-il ajouté.

Dans la nouvelle coordination du mouvement annoncée ce week-end, composée de 21 cadres, que va diriger Manuel Bompard ne figurent pas les députés Clémentine Autain, Eric Coquerel, Alexis Corbière, François Ruffin ou Raquel Garrido – soit cinq des insoumis les plus médiatiques et populaires. D’autres parlementaires font partie de la direction, mais ils représentent une génération plus jeune : Antoine Léaument, Manon Aubry, Marina Mesure, Paul Vannier…

« Le repli et le verrouillage ont été assumés de façon brutale », dénonce dimanche Clémentine Autain dans un entretien à Libération, soulignant une « marginalisation de ceux qui ont une parole différente du noyau dirigeant actuel ». Celle qui avait déjà préconisé des réformes cet été demande de « démocratiser LFI : une force à vocation majoritaire ne peut être un bloc monolithique ».

François Ruffin s’est aussi dit « triste que plutôt qu’un élargissement, on ait un rétrécissement », lui qui avait décidé de bousculer ses habitudes de solitaire en postulant à la coordination de LFI. En l’état, c’est un « consensus d’un petit groupe qui s’est mis d’accord avec lui-même », a-t-il regretté.

« La mission était de passer d’une structure tournée vers la présidentielle, très efficace, à un vrai parti sur le temps long, capable d’exister et de remporter des victoires en dehors de la présidentielle », mais « la porte a été fermée aux militants », abonde Raquel Garrido, qui prévient : « Qu’ils ne pensent pas une seconde qu’on se laissera faire. »

LFI connaît régulièrement, depuis sa création, en 2016, des secousses similaires. En cause : le mode de désignation. Alors que les autres partis de la Nupes ont eu recours à des congrès pour élire leurs nouveaux dirigeants, LFI procède par « consensus » des cadres présents en réunion. Ou, comme le dit Clémentine Autain, « par cooptation, ce qui favorise les courtisans et contribue à faire taire la critique ». « Virer de la table ceux qui ne sont pas d’accord, ça ne s’appelle pas un consensus », tempête Raquel Garrido.

Même le député Eric Coquerel, fidèle lieutenant de Jean-Luc Mélenchon, plaide pour que « soit représentée dans la direction toute la nuance du mouvement », disant ne pas être contre des élections internes à l’avenir.

Jean-Luc Mélenchon est sorti de sa posture officielle « en retrait » pour balayer les critiques, sur son blog : « Pour se distinguer, autant briller dans l’action et la prise de parole sans se sentir obligé de dénigrer les autres ou de rendre la vie commune impossible par des confidences de presse. » Il assume un « renouvellement » : « Les nommés le sont par les membres actifs des “espaces” [secteurs de la direction]. Tous ont gagné leurs galons dans l’action et leur participation à l’effort collectif depuis 2017. »

La volonté de La France insoumise, c’est de construire un mouvement qui n’est pas un parti politique traditionnel, et nous avons des formes de désignation de nos équipes de direction qui ne sont pas les mêmes que les autres, ça ne veut pas dire qu’elles sont moins collectives ou moins démocratiques », s’est défendu Manuel Bompard. Selon lui, « la qualité de fonctionnement d’une organisation politique, elle s’apprécie aussi en regard de ses résultats électoraux et, sur ce point, quand on se compare, on n’a pas vraiment de raisons de s’inquiéter ».

Une porte a cependant été laissée ouverte : le groupe à l’Assemblée nationale va pouvoir désigner au cours des prochaines semaines des représentants supplémentaires à la coordination de LFI. Cette discussion, et d’éventuelles demandes de remise en chantier de la coordination, devrait notamment être au menu des réunions du bureau du groupe lundi soir, et du groupe dans son entier mardi.

Mais l’affaire Quatennens y sera aussi abordée, au sujet de laquelle Jean-Luc Mélenchon et ses lieutenants ont également essuyé des critiques. L’ancien coordinateur pourrait être condamné en justice mardi matin pour les violences conjugales qu’il a reconnues. La suspension de son appartenance au groupe des députés LFI pourrait être entérinée dans la foulée.

Source: lemonde.fr

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