Emmanuel Macron annonce le report de la présentation de la réforme des retraites au 10 janvier

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Prenant de court le monde politique et syndical, Emmanuel Macron a annoncé, lundi 12 décembre, le report au 10 janvier de la présentation de la réforme des retraites, affirmant vouloir laisser aux partenaires sociaux et aux nouveaux dirigeants des Républicains et d’Europe Ecologie-Les Verts le temps « d’échanger » avec l’exécutif sur ce projet très contesté.

« Cela permet d’avoir quelques semaines de plus pour que celles et ceux qui (…) viennent de prendre des responsabilités puissent, sur quelques éléments-clés de la réforme, échanger avec le gouvernement », a déclaré le chef de l’Etat en ouvrant la deuxième session plénière du Conseil national de la refondation (CNR) à l’Elysée.

« L’effet de surprise est recherché et assumé », explique un conseiller de l’exécutif. En faisant cela, « le président force d’une certaine manière chacun (…) à se positionner et à prendre ses responsabilités ». Ce report, « ne change rien sur le calendrier », avec une entrée en vigueur de la réforme toujours prévue « à l’été », ajoute ce conseiller.

Emmanuel Macron s’est justifié en évoquant à la fois les élections dans la fonction publique, qui « ont empêché certaines discussions avec les organisations syndicales », et les congrès politiques du week-end dernier, à l’issue desquels Eric Ciotti a été élu à la tête des Républicains et Marine Tondelier désignée secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts.

« Le gouvernement ne sait pas encore très bien où il va. Leur texte n’est pas prêt, a réagi Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes. Pour l’instant je ressens cela comme un alibi aux hésitations, plus qu’un souci de négociation. »

L’exécutif avait prévu de présenter ce jeudi, à quelques jours de Noël, les grandes lignes de ce texte, pierre angulaire du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Nombre d’opposants avaient annoncé se préparer à le bloquer par tous les moyens, de la rue au Parlement, La France insoumise (LFI) appelant notamment à une mobilisation le 21 janvier, dans la lignée de sa « marche contre la vie chère ». « Première victoire ! Le projet de retraite à 65 ans n’est pas encore présenté que Macron bat déjà en retraite », a réagi sur Twitter Mathilde Panot, à la tête des députés LFI, confirmant l’action du 21 janvier.

Le gouvernement a rapidement précisé le calendrier des prochaines semaines. Elisabeth Borne va commencer « une série de rencontres avec les présidents de groupes parlementaires » mardi et mercredi, a-t-on rapporté du côté de Matignon. Elle recevra à nouveau « les organisations professionnelles et les organisations syndicales la semaine du 2 janvier », a-t-on ajouté. Le texte devrait ensuite être adopté par le conseil des ministres le 18 ou 25 janvier.

L’exécutif a commencé depuis plusieurs semaines à préparer les esprits à la réforme, multipliant les entretiens à la presse, les réunions de travail à Matignon et les dîners à l’Elysée. La nature de la réforme est déjà connue, celle-ci étant balisée par la promesse présidentielle de repousser l’âge légal de 62 à 64 ans, voire 65 ans. Cette dernière hypothèse tient la corde.

Les organisations syndicales ont acté le report, s’interrogeant sur les motivations de l’exécutif. « Je pense que l’exécutif est très inquiet – et il a raison – de ce que va être la mobilisation en janvier », relève François Hommeril, président de la CFE-CGC. Il « s’est mis lui-même dans l’impasse (…). Prolonger cette concertation de deux semaines ou d’un mois ne change rien ».

Même son de cloche du côté de la CGT, qui déplore « une annonce bizarre » montrant « la fébrilité » du gouvernement. « Ils voient qu’ils ne gagnent pas idéologiquement sur la réforme. La population reste opposée », estime la secrétaire confédérale Céline Verzeletti.

Du côté de la CFTC, on se voulait un peu plus optimiste. « C’est une bonne chose. L’agenda allait trop vite, on n’avait pas le temps d’être écoutés, on travaillait dans l’urgence, a réagi Pascale Coton, vice-présidente de l’organisation. On espère que ce n’est pas juste pour que les Français passent de bonnes vacances et de bonnes fêtes. »

« Si le gouvernement prend du temps pour nous écouter, peut-être qu’on arrivera à le convaincre. Mais si c’est simplement pour gagner du temps… », a déclaré, de son côté, Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’UNSA.

Malgré ce report, le gouvernement veut toujours aller vite : un projet de loi en janvier, un vote au printemps, une entrée en vigueur à l’été. L’urgence est justifiée par l’exécutif par le retour durable de déficits massifs, qui dépasseraient, selon lui, 12 milliards en 2027.

Source: lemonde.fr

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