Elections régionales : l’Assemblée nationale soutient le report du scrutin d’une semaine

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La consultation menée en urgence le week-end dernier auprès des maires sur un report des élections départementales et régionales avait soulevé un tollé dans l’opposition, mais les députés ont tout de même fini par voter oui.

L’Assemblée nationale a soutenu, mardi 13 avril, la décision prise par le gouvernement de maintenir les élections en juin et de décaler d’une semaine le scrutin, soit les 20 et 27 juin, assortie de protocoles renforcés face à l’épidémie du Covid-19. Sur les 516 suffrages exprimés, 443 députés se sont prononcés pour, 73 contre et 13 se sont abstenus.

Outre les députés La République en marche (LRM), Les Républicains (LR) et les socialistes notamment ont voté pour, mais nombre d’élus MoDem alliés de la majorité, qui souhaitaient un report, ont voté contre, lors de cette consultation voulue par le gouvernement en raison de la crise sanitaire, sur la base de l’article 50-1 de la Constitution. Mercredi, ce sera au tour du Sénat de se prononcer.

« Les semaines qui nous séparent du scrutin ne seront pas de trop. Pour nous donner le temps utile, nous allons décaler d’une semaine supplémentaire les dates des élections », a affirmé, mardi, le chef du gouvernement Jean Castex devant les députés.

« Certes, ce n’est qu’une semaine, mais une semaine de campagne supplémentaire, une semaine de vaccination en plus, soit au moins deux millions de personnes vaccinées, une semaine de préparation en plus, cela compte ! », a-t-il ajouté, précisant qu’un décret serait présenté la semaine prochaine en conseil des ministres.

Parmi les mesures, le gouvernement proposera de vacciner les membres des bureaux de vote qui le souhaitent. Les candidats et leurs équipes de campagne pourront aussi se déplacer au-delà du périmètre de dix kilomètres imposé actuellement. Le recours au vote par procuration « sera à nouveau facilité », a expliqué M. Castex, rappelant que chaque électeur aura « la possibilité de disposer de deux procurations ». Un site Internet sera créé, afin de permettre aux électeurs de disposer de « l’ensemble des professions de foi des candidats aux deux élections », lors d’une campagne qui sera « différente ».

M. Castex propose, par ailleurs, de constituer « un comité de suivi permanent », qui sera présidé par « Monsieur élections », à savoir Jean-Denis Combrexelle, ancien président de la section du contentieux du Conseil d’Etat.

Afin d’éteindre définitivement la polémique sur la consultation menée en urgence le week-end dernier auprès des maires, critiquée par l’opposition, le premier ministre a assuré qu’il n’avait pas d’arrière-pensées. Elle « n’était dirigée contre personne et certainement pas contre les associations d’élus pour lesquelles j’ai le plus grand respect », a-t-il assuré, après que le président (LR) de l’Association des maires de France (AMF), François Baroin, ainsi que les autres associations d’élus se sont élevés contre cette initiative.

Le premier ministre avait précisé, la semaine dernière, qu’il privilégiait, « à ce stade », le maintien au 13 et 20 juin de ces élections qu’on annonce difficiles pour la majorité. Cette dernière était divisée sur le sujet : le président (LRM) de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, était favorable à un report, alors que Stanislas Guérini, le délégué général du parti présidentiel, et Christophe Castaner, le chef de file des députés macronistes, défendaient le maintien.

Le patron des députés MoDem, Patrick Mignola, a mis en garde à la tribune de l’Assemblée nationale contre « une campagne zéro Covid » qui « sera une campagne zéro électeur ». « Une forte abstention favorisera les sortants », a-t-il aussi estimé, ironisant sur « l’unité nationale faite pour avoir des élections en juin », pour lesquelles « les oppositions sont prêtes à tout et même à soutenir » le chef du gouvernement. Les députés Agir, autres alliés, se sont également partagés, certains étant pour un report en 2022.

Le président de LR, Christian Jacob, a été le plus acide, voyant dans ce décalage d’une semaine une opération pour « sauver le soldat Ferrand », le président de l’Assemblée nationale qui avait fait cette suggestion. « Nous vous demandons de respecter la loi » simplement, qui fixe ces scrutins en juin, a-t-il plaidé.

« La démocratie est un bien essentiel, partout dans le monde on a voté cette année », a abondé le numéro un du PS, Olivier Faure. Au gouvernement de « concilier les deux exigences, en même temps démocratique et sanitaire ». « La question est pour nous de savoir si vous allez créer les conditions quoi qu’il vous en coûte électoralement pour que la démocratie vive », a aussi lancé Sébastien Jumel (PCF), se prononçant pour le maintien, comme les groupes Union des démocrates et indépendants et (UDI) et Libertés et territoires.

Les députés La France insoumise se sont distingués en boycottant cette consultation de l’Assemblée nationale, qui s’apparentait, selon eux, à « un vote de confiance ». Leur orateur, Adrien Quatennens (Nord), a néanmoins réclamé au gouvernement de « planifier » des débats télévisés avec les candidats, des rassemblements en plein air et encore une « campagne publique d’appel au vote ».

Une majorité (56 %) de maires directement consultés se sont prononcés pour le maintien des élections. Au total, environ deux tiers (69 %) d’entre eux ont répondu. Le scrutin avait déjà été reporté de mars à juin, en raison de la crise sanitaire, comme l’avait proposé l’ancien président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré dans son rapport remis au gouvernement à la mi-novembre 2020.

Source: lemonde.fr

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