Vers plus de clémence pour les petits excès de vitesse ? L’opposition dénonce une manœuvre politique du gouvernement

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Evoquée officieusement par le ministère de l’intérieur auprès de plusieurs journalistes, l’idée de ne plus retirer de points de permis lors d’excès de vitesse de moins de 5 km/h par rapport à la vitesse autorisée a provoqué, jeudi 26 mai, de premières réactions politiques. Celles-ci étaient certainement attendues place Beauvau, où aucune décision sur ce sujet n’a pour le moment été prise, à deux semaines des élections législatives.

La porte-parole de La République en marche, Maud Bregeon, a confirmé sur RMC, jeudi matin, que « rien n’est acté à l’heure où l’on parle » et que le projet « s’inscrit dans une réflexion globale ». La piste explorée place Beauvau consisterait à ne plus retirer de points pour un « petit excès » tout en conservant les amendes, ce qui concernerait 58 % des 12,5 millions de contraventions envoyées pour des excès de vitesse contrôlés par des radars. L’un des objectifs affichés est de réduire le nombre de fausses déclarations de conducteurs, dont certains se font remplacer par un tiers pour éviter de perdre des points de permis.

Mais l’opposition y voit avant tout une manœuvre politique. Lors d’un déplacement en Seine-Maritime dans le cadre de la campagne des législatives, l’ancienne candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a rappelé devant la presse qu’elle avait porté cette mesure dans le cadre de la présidentielle. Mais « à chaque fois qu’Emmanuel Macron reprend une proposition que j’ai pu faire, il le fait en plus mal » : la députée du Pas-de-Calais, candidate à sa réélection, préconise de son côté de ne plus retirer de points pour les excès de moins de 20 km/h. Ce qui est sur la table, selon elle, est donc « un tout petit cadeau minuscule ». « Attention aux promesses qui sont faites dans les quinze jours qui précèdent l’élection parce qu’en règle générale, elles ne sont pas tenues », a aussi mis en garde l’ancienne candidate à l’Elysée.

Pour Jordan Bardella, président du RN et invité de l’émission matinale de France 2, jeudi, « c’est Noël avant l’heure » de la part du gouvernement. « C’est toujours formidable, les périodes d’élection », a-t-il commenté, avant de relever : « Nous avons été les premiers dans la vie politique (…) à réclamer la fin du permis à points, en expliquant que les automobilistes n’étaient pas des vaches à lait. » S’il est donc favorable à une telle mesure, « en matière automobile, la priorité est évidemment la baisse des taxes sur l’essence », a précisé l’eurodéputé.

Le président des Républicains, Christian Jacob, a aussi considéré que « supprimer les petits retraits de points, c’est plutôt une bonne chose qui va dans le bon sens ». Cependant, « il faut maintenir l’amende absolument, sinon il n’y a plus de limite », a-t-il jugé auprès de RTL, avant d’estimer que « comme on est en période électorale, on peut avoir un doute sur les annonces ». Avec le président Emmanuel Macron, « on a connu beaucoup d’écarts » entre « les paroles et les actes », selon lui.

Les réactions ont été moins enthousiastes du côté des associations de sécurité routière. La présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon, a considéré auprès de l’Agence France-Presse qu’il fallait être « d’une ignorance crasse et hallucinante pour proposer cela ». « C’est en luttant contre les petits excès de vitesse qu’il y aura une baisse de la mortalité », a-t-elle martelé.

Pour Anne Lavaud, déléguée générale de l’association Prévention routière, créer une « élasticité au seuil » pourrait être pris « comme une invitation à rouler plus vite, au moment où les chiffres de la sécurité routière repartent à la hausse ». « Cela nous semble écorner le dispositif du permis à points, souvent pris en exemple à l’étranger et apprécié par les Français », a-t-elle affirmé.

A l’inverse, cette réflexion « va dans le bon sens » pour Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes. « On est enfin écoutés. C’est une première étape. Ensuite, si les chiffres montrent que les accidents n’augmentent pas, il faudra selon moi envisager d’aménager les sanctions financières », a-t-il commenté.

Source: lemonde.fr

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