Une technique redoutable pour les fonds marins crispe les pêcheurs normands

Autres articles
1 De 324

Campagne de communication menée avec l’association Bloom et tribune dans la presse sous forme de cri d’alarme signée par plus de 120 députés et sénateurs : voilà pour la mobilisation à terre des pêcheurs français, tandis que le climat se tend en mer. Cette fois, c’est l’arrivée dans la Manche de la senne démersale, dite aussi « senne danoise » ou « senne écossaise » – un engin trop efficace à l’égard de la ressource halieutique –, qui cristallise les mécontentements. Il s’agit d’un vaste filet déposé sur le fond, relié à deux « bras » : deux câbles qui vibrent et soulèvent les sédiments, ce qui rabat les poissons vers le centre. Ce mode opératoire est rapide et ratisse 3 kilomètres carrés en un trait. Il vise notamment des espèces qui ne sont soumises ni à des quotas ni à des tailles minimales de capture, comme l’encornet, la seiche, le rouget-barbet ou le grondin.

Mercredi 28 septembre, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, plusieurs députés (LFI, EELV, MoDem), dont l’élu PCF de Seine-Maritime Sébastien Jumel, devaient relayer la colère des Normands qui veulent faire interdire cet outil redoutable dans les eaux territoriales françaises, c’est-à-dire dans la zone s’étendant jusqu’à 12 milles nautiques (22,2 kilomètres) des côtes. Ils espèrent obtenir l’aide du gouvernement sur ce dossier, qui s’apparente, en réalité, à un épisode de l’éternelle épreuve de force des petits contre les gros. Car les artisans sédentaires, liés au port d’attache qu’ils contribuent à faire vivre avec leurs bateaux, veulent surtout se défendre contre les navires industriels, majoritairement étrangers, qui viennent poser leurs sennes là où ils pêchent, de la mer du Nord jusqu’à la Manche ouest, puis partent ailleurs lorsque la ressource a fondu.

Bloom a identifié 19 senneurs actifs dans la Manche battant pavillon français, 20 néerlandais, 10 britanniques, 4 belges et 1 allemand. Sur cette flotte de 54 navires, 40 appartiennent à des armateurs des Pays-Bas. « Ils mesurent 28 mètres en moyenne, mais peuvent atteindre 35 mètres, et sont deux à trois fois plus puissants que nos bateaux », précise Mathieu Vimard, directeur adjoint de l’Organisation des pêcheurs normands.

Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (LR), a lui-même interpellé le secrétaire d’Etat chargé de la mer, Hervé Berville, en évoquant une « situation particulièrement préoccupante » pour sa région. « Cette méthode de pêche industrielle largement pratiquée par les navires néerlandais (…) est depuis plusieurs années décriée en raison des dégâts causés sur l’écosystème marin, mais aussi et surtout sur l’épuisement de la ressource », écrit-il, le 16 septembre, dans une lettre cosignée avec le président du comité des pêches de sa région, Olivier Leprêtre.

Source: lemonde.fr

laissez un commentaire