Une cimenterie Lafarge ciblée par des activistes écologistes près de Marseille

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Dernière action spectaculaire en date de militants contre le réchauffement climatique, une cimenterie du groupe « pollueur » Lafarge, près de Marseille, a été la cible samedi 10 décembre d’un groupe de plusieurs dizaines de militants qui y ont causé d’importants dégâts, selon une information de La Provence que l’Agence France-Presse (AFP) a pu confirmer dimanche.

L’action a été menée samedi en fin d’après-midi contre l’usine de La Malle à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône), a fait savoir à l’AFP Loïc Leuliette, directeur de la communication de Lafarge France. Le parquet d’Aix-en-Provence a dit à l’AFP s’être saisi de ce dossier dès samedi soir et avoir ouvert une enquête en flagrance, confiée à la gendarmerie.

Dans une vidéo de cette opération, postée par différents sites, on voit plusieurs dizaines de personnes vêtues de combinaisons blanches à capuche marcher sur un sentier. Dans d’autres plans, des militants vêtus des mêmes combinaisons s’en prennent à une caméra de surveillance à coups de marteau et à un tuyau à coups de hachette. On aperçoit également ce qui semble être des débuts d’incendie dans des camions ainsi qu’un graffiti « C’est qui les dindons de la Farge ? » bombé sur un mur.

Un texte anonyme accompagnant cette vidéo revendique l’action contre le « cimentier-pollueur » en précisant que celle-ci a été menée par « deux cents personnes » qui « ont envahi et désarmé par surprise l’usine Lafarge de La Malle à Bouc-Bel-Air ».

L’entreprise a porté plainte, a précisé M. Leuliette, qui dénonce « une action d’une violence incroyable » ayant causé « d’importants dégâts » et laissé « les personnels très choqués », même s’il n’y a eu aucune confrontation physique. « Les limites ont vraiment été franchies », a-t-il déclaré, alors que des sites du cimentier ont déjà été la cible d’occupations ou de blocages par des militants dans le passé, notamment en juin 2021 par Extinction Rébellion.

Lafarge « met tout en œuvre pour redémarrer le plus rapidement possible » le site, qui emploie au total deux cents personnes, a ajouté M. Leuliette, en affirmant que « cette usine est la plus en avance sur la décarbonation, après des investissements de plusieurs millions d’euros ».

« Les fours qui ont été ciblés, longtemps alimentés par des déchets industriels et des pneus, sont aujourd’hui le symbole du “greenwashing” », rétorque au contraire le texte de revendication. Par téléphone, une personne se décrivant comme « un des activistes présents sur place » a dit à l’AFP que l’action avait été menée par « des personnes qui se sont organisées et viennent d’un peu partout ». « La violence vient avant tout de ces entreprises qui investissent des milliards pour continuer à produire en polluant. On considère qu’il n’y a plus le choix, c’est la seule réponse possible aujourd’hui pour se faire entendre », a ajouté cet interlocuteur.

Les militants ont également rappelé la mise en cause de Lafarge – qui a plaidé coupable et accepté de payer 778 millions de dollars aux Etats-Unis – pour les liens jusqu’en 2014 de sa filiale en Syrie avec des groupes terroristes, dont l’organisation Etat islamique.

Le secteur du bâtiment, au sens large, est un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. En France, il représente 20 % de ces émissions, contre près de 30 % pour les transports.

Des militants de la cause climatique ont multiplié les actions spectaculaires ces derniers mois, notamment contre des œuvres d’art mondialement connues, dans différents musées. En France ils ont aussi interrompu une demi-finale du tournoi de tennis de Roland-Garros ou le Tour de France cycliste.

Le ministre délégué à l’industrie, Roland Lescure, a rappelé sur Twitter que l’usine de La Malle faisait partie des « cinquante sites prioritaires à décarboner », dont les patrons ont été reçus en novembre par Emmanuel Macron pour leur proposer un « pacte de décarbonation ». « Je préférerai toujours l’action résolue à l’activisme violent », a-t-il écrit. « Je condamne toujours ceux qui, au nom de l’écologie, font de la violence la seule expression de leur lutte », a également tweeté son collègue de la transition écologique, Christophe Béchu.

Source: lemonde.fr

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