Soupçons de corruption au Parlement européen : l’enquête s’accélère à Bruxelles

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Les enquêteurs belges et le juge d’instruction Michel Claise se sont démenés, au cours du week-end, pour faire progresser le dossier « Qatargate » ou, selon la terminologie plus officielle du parquet fédéral, la tentative d’une « organisation criminelle présumée » d’influer sur les politiques de l’Union européenne (UE) au profit d’« un Etat du Golfe ».

Six personnes avaient été interpellées à Bruxelles, vendredi 9 décembre. Quatre d’entre elles ont été écrouées dimanche. Les autorités judiciaires n’ont pas livré leur nom, mais il s’agit d’Eva Kaili, élue socialiste grecque, vice-présidente du Parlement européen, de Francesco Giorgi, un assistant parlementaire qui est son compagnon, de Pier Antonio Panzeri, ancien eurodéputé social-démocrate italien et président de l’ONG bruxelloise Fight Impunity, et, enfin, selon l’agence de presse italienne Ansa, de Niccolo Figa-Talamanca, dirigeant de l’ONG No Peace Without Justice, installée à la même adresse que Fight Impunity. Mme Kaili, appréhendée en flagrant délit, n’a pas pu invoquer son immunité parlementaire.

Luca Visentini, secrétaire général italien de la Confédération syndicale internationale, a été mis en examen mais libéré sous condition. Une sixième personne – un assistant parlementaire du Parti populaire européen (PPE, conservateur) – a été relaxée. Le père de Mme Kaili, appréhendé dans un hôtel bruxellois avec un sac d’argent liquide, a été rapidement relâché. « Il jouait seulement le convoyeur », dit une source.

Des centaines de milliers d’euros auraient été saisies par les enquêteurs chez Mme Kaili et chez M. Panzeri, dont divers interlocuteurs du Monde confirment que celui-ci était « au cœur » du système de corruption mis en place. La police italienne a interrogé sa femme et sa fille au cours du week-end.

Les premiers éléments de l’enquête indiquaient que les bureaux de plusieurs assistants, dont ceux des élus belges Marie Arena, une proche de M. Panzeri, et Marc Tarabella avaient été perquisitionnés. Les bureaux de ces deux élus et celui d’un troisième député auraient également été placés sous scellés. Des médias belges affirmaient, lundi matin, que cinq eurodéputés au total étaient dans le collimateur du juge Claise.

La police a perquisitionné, samedi, le domicile de M. Tarabella à Anthisnes, dans la province de Liège. Les enquêteurs ont emporté le téléphone portable et l’ordinateur de l’élu, eurodéputé depuis 2009. « Je n’ai rien à cacher, je répondrai à toutes les questions, cela va de soi », a-t-il commenté. La commission de vigilance du Parti socialiste belge, censée veiller à l’intégrité des mandataires, l’entendra prochainement.

Source: lemonde.fr

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