Les dérives des interventions des cabinets de conseil pendant la crise sanitaire

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Assumer, rassurer et étouffer la polémique. Le 5 janvier 2021, au ministère de la santé, on planche sur les « EDL » (éléments de langage) à opposer aux nombreuses questions de la presse après une information dévoilée par le site Politico : le cabinet américain McKinsey a été missionné pour appuyer la campagne de vaccination contre le Covid-19. Les e-mails internes de l’époque, que Le Monde a pu consulter, résument les deux messages clés de la réponse de l’exécutif : les consultants n’ont pas interféré dans « les choix de nature politique et sanitaire » et ces missions ont respecté strictement les « contrats » et les « procédures » en vigueur.

La communication gouvernementale n’a pas suffi à éteindre l’incendie. Les révélations sur McKinsey et la vaccination ont, depuis, été suivies d’une longue série d’informations sur le poids pris par les cabinets privés de consultants dans la sphère publique ces dernières années. La publication d’un rapport du Sénat sur ce phénomène « tentaculaire », au printemps, a bousculé la campagne d’Emmanuel Macron et a débouché sur l’ouverture de deux enquêtes judiciaires par le Parquet national financier, à l’automne.

A chaque fois, les mêmes réponses sont apportées : tout est « super clair et transparent » dans les interventions des cabinets de conseil, assurait encore, à la fin novembre, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. « Je ne crains rien », a affirmé Emmanuel Macron le 25 novembre, six mois après avoir dit : « S’il y a des preuves de manipulation, [que] ça aille au pénal ! »

Selon les informations du Monde, le gouvernement a pourtant été alerté dès la fin 2021 de dérives dans l’utilisation des prestations de conseil, en particulier dans le cadre de la crise sanitaire. Le 2 décembre 2021, la Cour des comptes adressait au ministère de la santé un avertissement sans équivoque : bon nombre de ces prestations se font dans « des conditions problématiques ». Ces griefs sont détaillés dans un rapport plus vaste sur les dépenses liées à la crise sanitaire, que Le Monde s’est procuré. Ce document de 90 pages, qui n’avait pas été rendu public jusqu’ici, éclaire d’un jour nouveau les interventions des consultants lors de la pandémie.

Le premier constat de la Cour des comptes est connu : le recours aux cabinets de conseil a été décuplé pendant la crise sanitaire. Plus de 50 millions d’euros ont été dépensés, en 2020 et 2021, pour des prestations informatiques pour le compte de la direction générale de la santé (DGS), auxquels s’ajoutent 13 millions d’euros pour des prestations de conseil.

Source: lemonde.fr

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