Au Royaume-Uni, une fin d’année marquée par un mouvement social inédit

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Cela fait quarante ans que le Royaume-Uni n’avait pas connu pareil mouvement social : plus d’un million de travailleurs s’apprêtent à faire grève, entre les 12 et 31 décembre, à l’appel de leurs différentes centrales syndicales, risquant de paralyser une partie du pays pendant les fêtes de fin d’année. Les cheminots, déjà mobilisés depuis l’été, vont débrayer au moins huit jours : des dizaines de trains au départ de Londres, mais aussi dans les Midlands et le nord de l’Angleterre, seront supprimées, quatorze opérateurs de chemins de fer seront affectés.

Quelque 115 000 employés de Royal Mail (la poste, privatisée au début des années 2010), qui ont déjà accumulé douze jours de grève depuis juillet, sont repartis pour dix autres jours d’arrêt de travail depuis vendredi 9 décembre. Les bagagistes vont débrayer à l’aéroport d’Heathrow, à Londres, tout comme les personnels de sécurité de l’Eurostar. A partir du 22 décembre, les personnels d’autoroute entreront à leur tour dans la danse dans le Grand Londres et le sud de l’Angleterre, ainsi que les douaniers, à partir du 24 décembre, à Heathrow et à Gatwick, l’autre aéroport londonien.

Encore plus symbolique, dans un pays qui voue un culte à son système hospitalier – le National Health Service (NHS) –, public et gratuit mais de plus en plus défaillant, les ambulanciers devraient arrêter le travail le 21 décembre et plus de 100 000 infirmiers et infirmières d’une cinquantaine d’hôpitaux ont voté la grève pour les 15 et 20 décembre, à l’appel de leur syndicat, le Royal College of Nursing (RCN), pour la première fois depuis la création de ce dernier, il y a… cent six ans. Et c’est compter sans les enseignants ou les médecins débutants, également « très probablement prêts » à des arrêts de travail au début de 2023, selon la British Medical Association.

Au cœur de cette fronde sociale il y a des revendications salariales, alors que, dans la fonction publique ou parapublique, les augmentations proposées par les employeurs n’excèdent pas 5 %, que l’inflation a atteint 11,1 % sur un an en octobre et que les salaires moyens stagnent depuis une décennie, conséquence de l’ère d’austérité engagée en 2010 par le gouvernement Cameron.

Selon des chiffres de la Confédération britannique des syndicats (Trades Union Congress, TUC), les salariés ont perdu en moyenne et en valeur réelle 20 000 livres sterling (environ 23 230 euros) entre 2008 et 2021. Face à des prix de l’énergie qui ont doublé et des prix de l’alimentaire qui ont bondi de 16 % en un an, vivre décemment avec ces rémunérations devient difficile – surtout à Londres, où les loyers sont prohibitifs.

Source: lemonde.fr

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