Au Pérou, l’aéroport de la deuxième ville du pays bloqué par des manifestants qui réclament la démission de la nouvelle présidente

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Les manifestations, qui ont déjà fait deux morts, se poursuivent, lundi 12 décembre, au Pérou, où l’aéroport de la deuxième plus grande ville du pays a été bloqué. Dina Boluarte, investie à la tête du pays mercredi 7 décembre, après la tentative de dissolution du Parlement par son prédécesseur, avait tenté de désamorcer les tensions dimanche, annonçant vouloir avancer à avril 2024 les élections générales prévues en avril 2026.

Mais cette annonce ne semble pas avoir enrayé le mécontentement. Quelque 2 000 personnes ont interrompu lundi les activités de l’aéroport d’Arequipa (Sud), réclamant la démission de Mme Boluarte. « La piste de l’aéroport a été bloquée avec des pierres, des pneus et du bois » enflammés, a constaté un photographe de l’Agence France-Presse sur place, indiquant que le système d’éclairage de la piste a également été endommagé et que la police tente de repousser les manifestants avec des gaz lacrymogènes. Arequipa, un million d’habitants, est la « capitale juridique du Pérou » et le siège de la Cour constitutionnelle.

De nouveaux barrages bloquaient également des routes dans la région de La Libertad (Nord) et autour des villes de Trujillo (Nord-Ouest) ou Cuzco (Sud-Est) où se trouve le célèbre Machu Picchu.

Le Pérou est plongé dans la crise depuis le coup d’Etat manqué et l’arrestation de l’ancien président Pedro Castillo, la semaine dernière.

Mme Boluarte a formé samedi un gouvernement au profil indépendant et technique, avec un ancien procureur, Pedro Angulo, comme premier ministre, et a déclaré l’état d’urgence dans les zones les plus affectées par les manifestations.

Signe de la tension qui monte : une séance au Congrès sur la situation dans le pays a été suspendue après des incidents. Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent un homme donner un coup de poing par-derrière à un autre dans une allée de l’hémicycle puis une bousculade au centre de celle-ci, sans qu’il soit possible d’en connaître la cause. La séance était toujours suspendue dimanche en début de soirée.

Les protestations se sont multipliées à travers le pays ce week-end, notamment dans les villes du Nord et des Andes. Des milliers de personnes se sont mobilisées dans les rues de Cajamarca, Arequipa, Tacna, Andahuaylas, Cusco et Puno, réclamant la libération de l’ancien chef de l’Etat et de nouvelles élections et appelant à une grève nationale.

A Andahuaylas (Sud), des affrontements se sont soldés par un bilan de vingt blessés (seize civils et quatre policiers). Les violences ont repris dimanche, avec des tirs de gaz lacrymogène de la police et des jets de pierre de manifestants, qui ont notamment tenté de prendre l’aéroport de cette ville.

A Lima, entre 1 000 et 2 000 personnes manifestaient devant le Congrès aux cris de « Castillo tu n’es pas seul, le peuple te soutient » et brandissant des pancartes accusant « Dina [Boluarte] et le Congrès » d’être des « rats corrompus ».

La théorie avancée par l’ancien chef de cabinet et l’avocat de M. Castillo selon laquelle l’ancien président a été drogué à son insu lors de sa tentative de coup d’Etat ratée passionne le pays. Dans une lettre que M. Castillo aurait écrite en prison, celui-ci assure qu’un médecin et des infirmières « camouflés » et un procureur « sans visage » (cagoulé) l’ont « forcé » à réaliser des prélèvements sanguins sans son consentement, évoquant un « plan machiavélique ».

Le président de l’Institut de médecine légale, Francisco Brizuela, a, lui, déclaré que l’ex-président avait « refusé de se soumettre » aux tests.

Source: lemonde.fr

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