A Mayotte, la population se barricade et l’Etat promet de nouvelles mesures

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Mardi 22 novembre au soir, dans les rues de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte, le bruit des détonations, les cris furieux et le feu des voitures brûlées ont laissé place à un vide inhabituel. La tombée de la nuit est synonyme d’un peu de fraîcheur, dont profitent volontiers les habitants sur l’espace public.

Cependant, après plusieurs jours d’agressions extrêmes entre bandes, la population de l’archipel se barricade et les jeunes agresseurs se retranchent, face au RAID que le gouvernement vient d’envoyer en renfort. Policiers et gendarmes confirment : « RAS ». « Ils attendent que le RAID soit parti pour recommencer », ironise-t-on à Kawéni, quartier au centre de la brutalité qui a secoué l’île, ces deux dernières semaines ayant été marquées par des attaques à la machette dans des bus scolaires. Une pause donc, dans un cycle qui semble sans fin.

L’insécurité chronique que subit le département (300 000 habitants recensés) le plus pauvre de France, dans l’océan Indien, se rappelle brutalement à l’attention de Paris. « Face à ce phénomène, on va avoir d’abord une réponse sécuritaire au plus vite. Ensuite de [la] coopération, mais avec beaucoup de force [sur l’immigration clandestine, avec les Comores]. Et, troisièmement, on doit poursuivre le travail en profondeur de réformes sur Mayotte, parce que, aujourd’hui, notre situation, nos règles doivent être adaptées face à la réalité du terrain », a assuré, mercredi, Emmanuel Macron, en visite au Salon des maires, porte de Versailles, à Paris.

Les élus des outre-mer, qui participent au 104congrès de l’Association des maires de France ouvert lundi, expriment depuis plusieurs jours leur colère face à la dégradation générale de la situation sécuritaire dans leurs territoires. Les Mahorais sont en première ligne. Une délégation avait déjà fait l’aller-retour dans la capitale pour alerter sur le sujet, le 18 octobre.

« J’ai dénoncé la situation de crise dès 2016 », regrette ainsi le député (Les Républicains) Mansour Kamardine. « Des moyens ont été engagés, mais il faut aller plus loin, plus fort et plus vite, notamment sur la loi spécifique qui a été promise sur l’immigration à Mayotte, car chez nous, il faut accepter de lier les deux problèmes. » En février et mars 2018, un mouvement « île morte » avait dénoncé les violences entre bandes. Depuis, des groupes d’autodéfense émergent, renforçant les inquiétudes des responsables politiques.

« Les Mahorais ont besoin de la protection de l’Etat », a répondu, mardi, à l’Assemblée nationale, le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, interpellé par la députée Estelle Youssouffa (groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires). Le ministre, qui avait déjà annoncé des effectifs en septembre, promet des gendarmes mobiles pour « une opération de grande envergure », ainsi qu’un « renforcement très important des moyens de la justice ». Il a, en outre, indiqué que la loi de programmation du ministère des armées, après 2024, prévoirait des moyens militaires pour la Guyane et Mayotte.

Source: lemonde.fr

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