Soupçons de corruption au Parlement européen : quatre personnes, dont la vice-présidente grecque, Eva Kaili, ont été écrouées

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La vice-présidente grecque du Parlement européen Eva Kaili et trois autres personnes ont été inculpées et écrouées dimanche 11 décembre en Belgique dans une enquête sur des soupçons de corruption en lien avec le Qatar au sein de cette institution de l’Union européenne (UE), a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) une source judiciaire.

Quatre personnes ont été écrouées après leur inculpation par un juge d’instruction bruxellois pour « appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d’argent et corruption », a confirmé le parquet fédéral dans un communiqué, sans toutefois livrer l’identité des personnes mises en cause. Deux autres personnes ont été libérées par le juge.

Selon les informations du Monde, Pier Antonio Panzeri, 67 ans, ancien eurodéputé italien du groupe sociaux-démocrates et président de l’ONG Fight Impunity, ainsi que Francesco Giorgi, un ancien assistant parlementaire et compagnon de Mme Kaili, font partie des personnes inculpées. Egalement mis en examen, Luca Visentini, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (ITUC), a lui été libéré sous condition.

Dans cette affaire « est suspecté le versement d’importantes sommes d’argent ou l’offre de cadeaux significatifs à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique permettant, au sein du Parlement européen, d’influencer les décisions » de cette institution, souligne le communiqué du parquet.

Une perquisition a eu lieu samedi soir au domicile d’un second eurodéputé socialiste, le Belge Marc Tarabella. Pour assister la police fédérale dans cette seconde perquisition, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, est revenue de Malte à Bruxelles dans la soirée, a annoncé l’un de ses porte-parole. La présence de la présidente est requise pour un tel acte d’enquête visant un eurodéputé élu en Belgique « comme le veut la Constitution belge », a-t-on expliqué.

Le domicile bruxellois de Mme Kaili avait lui été perquisitionné dès vendredi soir. La vice-présidente du Parlement européen n’a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire car l’infraction qui lui est reprochée a été constatée « en flagrant délit » vendredi, a expliqué une source judiciaire anonyme à l’AFP. Cette source confirme les informations de presse selon lesquelles Mme Kaili était en possession de « sacs de billets » vendredi soir lorsque la police belge l’a interpellée.

Dans la soirée de samedi, le Parlement a annoncé qu’Eva Kaili s’était vu retirer provisoirement les tâches que lui avait déléguées la présidente, Roberta Metsola, comme celle de la représenter au Moyen-Orient. Des eurodéputés de gauche, dont l’écologiste Philippe Lamberts au nom du groupe des Verts au Parlement européen, ont demandé la démission de Mme Kaili, exclue dès vendredi soir du Parti socialiste grec.

Eva Kaili s’était rendue début novembre au Qatar où elle avait salué en présence du ministre qatari du travail les réformes de l’émirat dans ce secteur. L’ambassadeur de l’UE à Doha, Cristian Tudor, avait alors assuré sur Twitter la publicité de cette rencontre jugée positive. « Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail », avait aussi affirmé Mme Kaili le 22 novembre à la tribune du Parlement européen.

Ces propos, qui avaient alors suscité des remous dans les rangs de la gauche et des libéraux, sont revenus à l’esprit de nombreux eurodéputés ce week-end après l’annonce de son arrestation. « Je crains maintenant de comprendre… », a commenté samedi sur Twitter le Français Pierre Karleskind (Renew, libéraux).

La présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola, a convoqué à Strasbourg, lundi 12 décembre, une réunion des présidents de groupes pour évoquer l’enquête judiciaire belge, ont indiqué dimanche à l’AFP deux sources au sein du Parlement.

L’affaire de corruption présumée au profit du Qatar impliquant des représentants du Parlement européen constitue « une atteinte grave à la réputation » de cette institution et « une affaire honteuse et intolérable », a estimé dimanche le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, lors d’une émission sur la Rai, le groupe de médias italien.

Source: lemonde.fr

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