Coronavirus : inquiétudes sur la dette des ménages en Europe

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Quinze euros la coupe, chez des amis d’amis ou d’anciens clients. Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, Stéphane exerce son métier de coiffeur comme il peut, chez lui ou à domicile – « la débrouille ». Son contrat dans un salon parisien devait être renouvelé en mars. Il ne l’a pas été. « Financièrement, ça devient compliqué », confie-t-il.

En avril, il a puisé dans son Livret A pour payer une partie du crédit – soit 700 euros par mois – qu’il a contracté il y a cinq ans pour s’acheter un deux-pièces, près de la porte de Pantin. En juin, ce jeune quadragénaire tiendra encore. « Mais si je ne retrouve pas un poste avant l’été, je ne pourrai plus payer », murmure-t-il, avec pudeur. Avant d’ajouter, anxieux : « Même si ça déconfine, qui est assez fou pour embaucher aujourd’hui ? »

Catherine, elle, s’est résolue à solliciter ses parents. « Le loyer, ça va, mais le prêt pour la voiture, c’est un peu juste », raconte la trentenaire. Le restaurant où elle travaille, près de Lyon, l’a mise au chômage partiel. « C’est un soulagement, mais sans les pourboires et les extras, je ne m’en sors plus. » Elle espère pouvoir rééchelonner ses échéances de remboursement auprès de son organisme de crédit. En attendant, son père lui prête de l’argent : « J’ai dû ravaler ma fierté pour lui confier mes problèmes. Si le restaurant ne rouvre pas rapidement, je ne serai plus très loin du gouffre. »

Combien sont-ils, comme Catherine et Stéphane, à angoisser un peu plus à chaque fin de mois ? A craindre de ne pas pouvoir rembourser la banque, le cœur serré à l’idée de demander l’aide d’un proche ?

« Des gens comme eux, sur le fil, nous appellent tous les jours, et ils sont de plus en plus nombreux depuis la fin du confinement [le 11 mai], souligne Pauline Dujardin, juriste fédérale au sein de Crésus, le réseau d’associations soutenant les personnes en difficulté financière. Beaucoup tiennent grâce au chômage partiel. Mais si la vague de licenciements que l’on redoute se confirme, l’automne sera très dur. » Eric Dor, économiste à l’Ieseg School of Management, partage les mêmes inquiétudes. « C’est encore le calme avant la tempête, dit-il. Si la reprise n’est pas au rendez-vous, il y a aura une envolée des défauts, d’abord chez les entreprises, puis au sein des ménages. »

Source: lemonde.fr

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