« Avec la PMA pour toutes, les femmes gagnent le droit d’aller se mettre sur une liste d’attente »

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Après l’adoption définitive du projet de loi de bioéthique à l’Assemblée nationale, qui ouvre la possibilité aux femmes célibataires et aux couples de femmes d’accéder aux activités de procréation médicalement assistée (PMA), va désormais se poser la question de sa mise en œuvre concrète. Michaël Grynberg, professeur et chef du service de médecine de la reproduction et préservation de la fertilité de l’hôpital Antoine-Béclère (AP-HP) à Clamart (Hauts-de-Seine), met en garde sur les difficultés pratiques que vont rencontrer les candidates à la PMA.

Tout d’abord soulignons que, pour la plupart des professionnels qui accompagnent les personnes en parcours de PMA, c’est une très bonne chose que la loi soit passée. Il n’était plus supportable de renvoyer des patientes à l’étranger pour leur prise en charge, et de constater que notre pays est à ce point peu progressiste. Mais, au-delà des effets d’annonce politiques sur le fait que désormais toutes les femmes pourront avoir accès à la PMA, il faut être bien clair : elles gagnent en réalité le droit d’aller se mettre sur une liste d’attente.

A l’heure actuelle, le délai d’attente est d’un an en moyenne pour les couples qui ont recours à un tiers donneur. Très logiquement, l’arrivée dans le circuit des nouvelles candidates va accroître la demande de gamètes. D’autant que, dans le même temps, on met en place avec la loi un changement du régime d’anonymat des donneurs. Dans les pays qui ont procédé à de tels changements, on a constaté une diminution du nombre de candidats. Je ne vois pas pourquoi notre pays ferait exception. Chez nos voisins, le recours à des banques de sperme permet de ne pas augmenter les délais d’attente, mais en France c’est impossible, car, chez nous le don est gratuit, c’est une condition sine qua non. Nous allons donc nous retrouver en situation de pénurie.

Une année de transition entre l’ancien et le nouveau régime de dons de gamètes est prévue. Pendant ce laps de temps, on est censés solliciter les anciens donneurs pour savoir s’ils acceptent de lever l’anonymat. Les paillettes de sperme de ceux qui refuseront ou que nous n’arriverons pas à recontacter, parce que certains ont donné il y a longtemps par exemple, seront détruites. Ces démarches vont demander une importante logistique et du temps, et cela à moyens constants. En parallèle, les demandes de prise en charge vont se poursuivre. Ce n’est pas gérable.

Source: lemonde.fr

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