Afghanistan : première exécution publique depuis la prise de pouvoir des talibans

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Les autorités talibanes ont exécuté, mercredi 7 décembre, un Afghan reconnu coupable du meurtre d’un homme. Il s’agit de la première exécution publique depuis que les anciens insurgés ont pris le contrôle de l’Afghanistan l’année dernière, a déclaré un porte-parole.

Cette annonce souligne l’intention des nouveaux dirigeants afghans de poursuivre les politiques mises en œuvre depuis leur prise de contrôle du pays en août 2021 et de s’en tenir à leur interprétation de la loi islamique, la charia.

L’exécution a eu lieu dans la province occidentale de Farah devant des centaines de spectateurs, y compris de nombreux hauts responsables talibans, notamment de la capitale Kaboul et de la province, selon Zabihullah Mujahid, le principal porte-parole du gouvernement taliban. La décision d’appliquer le châtiment a été « prise très soigneusement », a déclaré M. Mujahid, après avoir été approuvée par trois des plus hautes cours du pays et par le chef suprême des talibans, le mollah Haibatullah Akhundzada.

L’homme exécuté, nommé Tajmir, originaire de la province de Herat, avait été condamné pour avoir tué un autre homme il y a cinq ans et pour lui avoir volé sa moto et son téléphone portable. La victime, Mustafa, était originaire de la province voisine de Farah. De nombreux hommes afghans n’utilisent qu’un seul nom. Les forces de sécurité talibanes ont arrêté Tajmir après que la famille de la victime l’a accusé du crime, selon une déclaration du porte-parole du gouvernement. Le communiqué ne précise pas quand l’arrestation a eu lieu, mais ajoute que Tajmir a avoué le meurtre.

Antonio Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), a exprimé sa « profonde préoccupation ». « Notre position n’a jamais changé, l’ONU est opposée à la peine de mort (…). Alors nous appelons au retour au moratoire sur la peine capitale dans le pays », a ajouté sa porte-parole Stéphanie Tremblay, lors d’un point presse. A Paris, le ministère des affaires étrangères a condamné l’exécution « avec la plus grande fermeté », parlant d’une « décision odieuse » qui « s’ajoute aux nombreuses autres violations des droits et libertés fondamentales commises par les talibans à l’égard des Afghanes et des Afghans depuis leur prise de pouvoir par la force en août 2021 ».

Pendant le précédent règne des talibans sur le pays, à la fin des années 1990, le groupe avait procédé à des exécutions publiques, des flagellations et des lapidations de personnes reconnues coupables de crimes par les tribunaux talibans.

Après avoir envahi l’Afghanistan en 2021, dans les dernières semaines du retrait des forces américaines et de l’OTAN du pays après vingt ans de guerre, les talibans avaient initialement rassuré en promettant d’être plus modérés et de permettre le respect des droits des femmes et des minorités, mais les promesses ont fait long feu. L’éducation des filles a finalement été interdite au-delà de la sixième année d’études et l’accès aux salles de sport interdit. Les talibans au pouvoir avait déjà procédé à des flagellations publiques dans différentes provinces pour punir plusieurs hommes et femmes accusés de vol, d’adultère ou de fugue.

Source: lemonde.fr

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