Un réseau d’importation de cocaïne démantelé entre la France, la Belgique, l’Espagne et Dubaï

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Nouvelle illustration de la géographie des réseaux criminels à l’œuvre en Europe, le 8 novembre, plusieurs interpellations conduites sous la coordination d’Eurojust et d’Europol ont eu lieu en Belgique, en Espagne, en France et à Dubaï (Emirats arabes unis). Elles surviennent dans le cadre d’une enquête conjointe sur un vaste trafic de cocaïne à destination principalement du marché français.

L’organisation visée est soupçonnée d’avoir réalisé, entre janvier et avril 2021, une série de livraisons de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et de Guyane en direction notamment des ports d’Anvers, de Rotterdam et de Rouen, pour une quantité totale de 2,1 tonnes. La drogue, dissimulée dans du fret légal, principalement des denrées alimentaires, avait transité pour certaines livraisons par l’Afrique. « C’est clairement les données Sky [du nom de cette messagerie dont le chiffrage a été contourné par les polices européennes] qui a été le détonateur de cette enquête », précise une source proche du dossier.

Les investigations, menées en France par l’Office antistupéfiants (Ofast) sous la direction de la juridiction nationale de lutte contre le crime organisé, permettent de penser que le réseau était dirigé depuis Dubaï par trois hommes, deux Marocains, Hoesny A. et Bouarfa R., âgés de 39 et 41 ans, qui ont grandi en Belgique, et un Français originaire du Val-de-Marne. Ils sont déjà connus pour leurs activités dans le trafic de stupéfiants depuis Dubaï où ils disposent d’un patrimoine important.

Deux d’entre eux ont été interpellés aux Emirats à la suite de l’émission d’un mandat d’arrêt délivré par les autorités françaises, le 20 octobre. Ils sont tous les trois considérés par les polices européennes comme des cibles d’intérêt prioritaires. Ils se voient reprocher le crime de direction d’un groupement ayant pour objet l’importation, le transport, la détention, l’offre, la cession, l’acquisition ou l’emploi illicites de stupéfiants et encourent la perpétuité. Ils sont aujourd’hui dans l’attente de leur extradition. « On touche du doigt le plus haut niveau du spectre, se félicite Grégory Cornillon, commissaire divisionnaire et chef du pôle opérationnel de l’Ofast. Les individus qui ont été interpellés sont les têtes de réseaux, très loin du produit mais qui ont la direction de l’organisation. »

L’affaire se double d’une sombre histoire d’enlèvement. En juin 2020, l’un des « employés » de l’organisation criminelle, soupçonné d’avoir fait fuiter des informations à une équipe rivale sur la localisation de pains de cocaïne, a été séquestré et torturé en représailles. Plusieurs individus déguisés en faux policiers avaient tenté de voler de la cocaïne dans un entrepôt à Anvers. En France, trois personnes ont été mises en examen, le 11 novembre, pour des chefs d’« importation de stupéfiants en bande organisée », « association de malfaiteurs », « enlèvement et séquestration avec acte de torture et de barbarie en bande organisée » et placées en détention provisoire. Un quatrième homme, de nationalité française et interpellé en Espagne, a été remis à la France, puis mis en examen et incarcéré.

Source: lemonde.fr

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