Nicolas Sarkozy, son avocat Thierry Herzog et l’ancien magistrat Gilbert Azibert jugés en appel dans l’affaire des écoutes

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Deux obstacles attendent Nicolas Sarkozy, son avocat Thierry Herzog et l’ancien magistrat Gilbert Azibert, jugés du lundi 5 au vendredi 16 décembre devant la cour d’appel de Paris, dans l’affaire des écoutes, dite aussi affaire Bismuth. Le premier est la motivation du jugement rendu le 1er mars 2021 par le tribunal correctionnel de Paris, qui les a condamnés à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme.

Le tribunal avait fait entièrement sienne la vision de l’accusation, en considérant qu’un « pacte de corruption » avait lié les trois prévenus, MM. Sarkozy et Herzog ayant bel et bien, selon le jugement, tenté d’obtenir en 2014 de M. Azibert des informations sur une procédure en cours devant la Cour de cassation qui intéressait l’ancien président – la saisie de ses agendas dans l’affaire Bettencourt – en échange d’une promesse d’intervention en faveur du magistrat pour un poste honorifique à Monaco.

Il avait écarté un à un les arguments de la défense qui faisait valoir d’une part que les preuves de ce « pacte » n’étaient pas rapportées et, d’autre part, que les interventions supposées n’avaient eu aucun effet, la Cour de cassation ayant rendu une décision défavorable à M. Sarkozy, et le poste à Monaco, rétribué 5 000 euros l’an, n’ayant pas été attribué à M. Azibert. L’intention de commettre le délit suffit à le caractériser, peu importe son résultat, avait répondu le tribunal.

Il avait aussi accompagné sa décision d’attendus très sévères à l’égard de chacun des prévenus. Concernant Nicolas Sarkozy, le tribunal observait que « les faits dont [il] s’est rendu coupable sont d’une particulière gravité, ayant été commis par un ancien président de la République qui a été le garant de l’indépendance de la justice ». A propos de Thierry Herzog, également condamné pour « violation du secret professionnel » et condamné à la peine complémentaire de cinq ans d’interdiction d’exercice professionnel, les premiers juges relevaient que le « lien personnel, fraternel » de l’avocat avec son client Nicolas Sarkozy avait « obscurci, par manque de distance, son discernement professionnel » et l’avait conduit « à s’affranchir de ses obligations déontologiques ».

Les mots les plus sévères étaient destinés à l’ancien magistrat Gilbert Azibert, condamné pour « corruption passive », qui, selon les juges, avait mis sa fonction « au service d’intérêts privés » et « jeté le discrédit » sur l’ensemble d’une profession.

« Un tel comportement [des prévenus] ne peut que nuire gravement à la légitime confiance que chaque citoyen est en droit d’accorder à la justice », et « ce dévoiement portant lourdement atteinte à l’Etat de droit et à la ­sécurité juridique exige une réponse pénale ferme sanctionnant de manière adaptée cette atteinte à la confiance ­publique », concluait le tribunal.

Source: lemonde.fr

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