La goutte, mais je ne bois pas !

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Facteurs de risque et principes de prévention de la goutte

Mon genou a brutalement doublé de volume, il est rouge et me fait très mal ! Mon médecin a évoqué une crise de goutte, je ne comprends pas, je ne bois pas d’alcool et je m’efforce de manger équilibré ! Pouvez-vous m’expliquer ?

Qu’est-ce que la goutte ?

La goutte est une maladie résultant de l’accumulation d’acide urique dans l’organisme. Elle se traduit par des atteintes articulaires dans un premier temps. A un stade évolué, elle touche les tissus mous et les reins. Cependant l’hyperuricémie (le taux sanguin d’acide urique) n’est pas synonyme de goutte : seules 10% des hyperuricémies entrainent des manifestations goutteuses. Les atteintes articulaires sont des arthrites microcristallines. « Microcristalline » car l’acide urique s’assemble en cristaux d’urate de sodium. Quand ces cristaux se déposent dans les articulations, ils déclenchent une forte inflammation de la membrane synoviale entourant les articulations, c’est-à-dire une « arthrite ». A un stade plus tardif, on retrouve des dépôts d’urate de sodium sous la peau (appelés tophus) et dans les reins. Les articulations sont très endommagées par les crises d’arthrite à répétition. On parle alors de « goutte chronique ».

Pourquoi l’acide urique s’accumule-t-il chez certaines personnes ?

La goutte a mauvaise réputation : elle est souvent associée à l’image de personnes buvant et mangeant trop ! Pourtant d’autres facteurs peuvent expliquer les crises. Deux types de mécanisme co-existent :

  • L’élimination de l’acide urique par les reins est insuffisante (entre autres pour des raisons génétiques, du fait de certains médicaments, d’une sécrétion accrue d’insuline, d’une mauvaise hydratation…)
  • Une hyperproduction d’acide urique. Par exemple, en raison d’une alimentation trop riche en purines (contenue dans la bière, les alcools forts, le champagne, mais aussi dans la viande, la volaille, les abats, les crustacés…)

Comment se prévenir d’une crise de goutte ?

Il existe deux types de prévention :

  • La prévention primaire qui, lorsque l’hyperuricémie a été découverte, a pour but d’éviter une première crise de goutte. Pour ce type de prévention, les recommandations actuelles préconisent surtout des mesures dites hygiéno-diététiques: perdre du poids, limiter les aliments trop riches en purines (cf plus haut), limiter la consommation d’alcools forts et de bière (y compris sans alcool), bien s’hydrater. Votre médecin se méfiera de certains médicaments augmentant le taux d’acide urique, et en favorisera d’autres le faisant baisser. La vitamine C aurait un effet bénéfique sur l’uricémie (taux sanguin d’acide urique).
  • La prévention secondaire visant à empêcher la récidive des crises de goutte après un premier épisode. Elle est basée sur la prise de médicaments spécifiques faisant baisser  l’uricémie. Le plus utilisé est l’allopurinol. Attention, l’utilisation de l’allopurinol doit s’accompagner de précautions au début du traitement. En effet, s’il permet l’élimination des dépôts d’urate de sodium, il peut déclencher des crises de gouttes dans les premiers mois. Un traitement préventif de ces crises doit donc accompagner la mise sous allopurinol au début du traitement. Il s’agit le plus souvent de colchicine®.

Par ailleurs, l’allopurinol peut être responsable de réactions de type allergique potentiellement graves. Toute éruption cutanée sous traitement doit être signalée immédiatement à votre médecin. Un nouveau médicament, le Febuxostat est disponible depuis peu. Plus efficace que l’allopurinol, il est peu utilisé car ses effets secondaires sont encore mal connus du fait du manque de recul. L’efficacité de la prévention peut être évaluée par des dosages réguliers de l’acide urique. Son but est d’éviter les crises de gouttes, douloureuses et invalidantes, mais aussi de stopper l’évolution de la maladie avant le stade chronique, soit avant les destructions articulaires, et l’atteinte rénale.

En conclusion : La goutte, une maladie des alcooliques ? Non ! Même si la consommation d’alcool favorise l’apparition de crise et l’aggravation de la maladie, bien d’autres facteurs sont à prendre en compte. Il s’agit d’une pathologie dont les mécanismes doivent être compris des patients, afin qu’ils puissent adapter leurs habitudes à certaines mesures de prévention.

Autres articles :

La goutte et l ‘alimentation, Localisations articulaires de la goutte

Pour plus d’information sur ce(s) médicament(s), nous vous recommandons de consulter le site de l’ANSM –> http://ansm.sante.fr


Auteur : Dr Hélène Pera

Conflits d’intérêts : l’auteur n’a pas transmis de conflits d’intérêts concernant les données diffusées dans cette interview ou publiées dans la référence citée. Cet article est issu d’une expérience de terrain, il existe d’autres produits, et d’autres protocoles de prise en charge.

 

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Source: Medecindirect.fr/blog/
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