Guerre en Ukraine : l’opposant russe Ilia Iachine condamné à huit ans et demi de prison

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Un tribunal de Moscou a condamné vendredi 9 décembre l’opposant Ilia Iachine à huit ans et demi de prison pour diffusion de « fausses informations » sur l’armée russe en critiquant l’offensive en Ukraine, une condamnation qui illustre le climat de répression implacable en Russie. Le procureur avait requis neuf ans de prison.

M. Iachine, pull à col roulé et fines lunettes, a accueilli la décision en riant, pendant que ses soutiens poussaient des cris d’indignation dans la salle d’audience. « Tu sortiras avant ! Ne désespère pas ! », a lancé l’un d’eux. Selon le journal anglais The Guardian, l’opposant, proche d’Alexeï Navalny, avait déclaré devant le tribunal que Vladimir Poutine était « la personne responsable de ce massacre » et lui demandait de « mettre fin à cette folie ». Il a ajouté : « Je suis isolé de la société parce qu’ils veulent que je me taise. Je promets que, tant que je serai en vie, je ne me tairai jamais. Ma mission est de dire la vérité. Je ne renoncerai pas à la vérité, même derrière les barreaux. »

Le célèbre opposant russe Alexeï Navalny, lui aussi emprisonné en Russie, a immédiatement réagi, sur Twitter, à la condamnation de son ami. Il y déclare que ce « nouveau verdict honteux et illégal du tribunal de Poutine ne fera pas taire Ilia et n’intimidera pas les Russes honnêtes ».

Le procès de M. Iachine était particulièrement suivi en Russie, car il était l’un des derniers opposants russes de premier plan à ne pas avoir fui le pays ou à ne pas avoir été emprisonné. Signe de la tension ambiante, le procès a été marqué par plusieurs débordements. Lors d’une audience fin novembre, une échauffourée a éclaté devant la salle, des agents de sécurité du tribunal plaquant le père de l’opposant au sol.

Arrêté en juin et placé en détention provisoire en juillet, M. Iachine était jugé pour avoir dénoncé lors d’une intervention en direct sur YouTube « le meurtre de civils » dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev, où l’armée russe a été accusée d’exactions, ce que nie Moscou.

Vêtu d’un sweat-shirt gris, menotté, M. Iachine est arrivé vendredi en souriant au tribunal, multipliant clins d’œil et gestes de la main en direction de ses proches et trouvant même l’occasion de plaisanter. « Je crois bien que la juge n’a pas envie de lire le verdict », a-t-il lancé, alors que la magistrate tardait à faire son entrée dans la salle d’audience.

L’opposant était poursuivi sur la base d’articles du code pénal introduits peu après le début de l’offensive en Ukraine et qui punissent ceux qui « discréditent » l’armée russe ou « publient de fausses informations » sur ses agissements. Ces textes sont vagues et leur champ d’application très large. Les détracteurs du Kremlin y voient un outil « fourre-tout » pour poursuivre toutes les voix critiques.

Malgré son arrestation, M. Iachine a continué de critiquer les autorités de façon acerbe et de dénoncer l’intervention militaire en Ukraine. Début novembre, il avait accusé les juges russes d’être des « serviteurs » du pouvoir et de donner à M. Poutine un « sentiment d’impunité ».

M. Iachine était un proche de l’opposant Boris Nemtsov, assassiné en 2015, mais aussi du militant anticorruption Alexeï Navalny, emprisonné depuis début 2021 après avoir survécu à un empoisonnement qu’il attribue au Kremlin. Son procès faisait partie des multiples affaires judiciaires lancées contre des responsables politiques d’opposition ou de simples particuliers ayant critiqué l’offensive russe en Ukraine.

En juillet, un député municipal d’opposition à Moscou, Alexeï Gorinov, a été jugé pour diffusion de « fausses informations » sur l’armée russe après avoir dénoncé le conflit en Ukraine et condamné à sept ans de prison.

Source: lemonde.fr

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