Guerre en Ukraine : la police fiscale italienne essaie de traquer le présumé « navire de Poutine »

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Il est blanc comme les blocs de marbre qui sont extraits de la montagne à quelques kilomètres de là. Dans le port toscan de Marina di Carrara, l’immense yacht Schéhérazade est depuis plusieurs jours l’objet de toutes les attentions en Italie. Et pour cause : son propriétaire ne serait autre que Vladimir Poutine. Construit en Allemagne et mis à l’eau en 2020, le navire de luxe est tout en démesure : 140 mètres de longs, six ponts, deux pistes d’hélicoptère, une piscine dont le toit rétractable se transforme en piste de danse, un gymnase ou encore une salle de cinéma. L’intérieur n’est pas en reste, avec ses dorures jusqu’aux porte-rouleaux de papier toilette. Battant pavillon des îles Caïman, peu connues pour leur transparence fiscale, le Schéhérazade est estimé à au moins 700 millions de dollars (640 millions d’euros).

Si, pour l’heure, aucune preuve formelle ne relie directement le navire au président russe, un faisceau d’indices est pour le moins troublant. Début mars, une enquête du New York Times révélait qu’une partie de l’équipage avait rebaptisé le Schéhérazade le « navire de Poutine ». Un membre du personnel de bord, sous couvert d’anonymat, soulignait que l’équipage était entièrement russe « quand le boss était à bord », et redevenait international en son absence. Le Schéhérazade a par ailleurs effectué plusieurs allers-retours en mer Noire durant les étés 2020 et 2021, dans les environs de Sotchi, où Vladimir Poutine a passé de longues semaines durant la pandémie de Covid-19.

Le 22 mars, une vidéo diffusée par la fondation d’Alexeï Navalny a rendu encore plus crédible l’hypothèse permettant de relier le yacht à Vladimir Poutine. L’ONG de lutte contre la corruption s’est notamment procuré la liste des membres d’équipage du Schéhérazade : des Russes, dont au moins la moitié appartiennent au FSO, le service fédéral de protection, chargé en particulier d’assurer la sécurité rapprochée du président russe. Selon la fondation d’Alexeï Navalny, « le Schéhérazade est le plus grand bateau au monde dont le propriétaire n’est pas connu », mais, précise-t-elle, « si un bien appartient réellement à Poutine, l’important n’est pas de savoir à quel nom il est enregistré, mais qui le gère ».

D’après le site SuperYacht Fan, qui recense les navires de luxe, le Schéhérazade appartiendrait à l’oligarque Edouard Khoudaïnatov, ancien vice-président de la compagnie pétrolière Rosneft, un proche du Kremlin. Le navire est enregistré sous le nom d’une obscure société anonyme, Beilor Asset Ltd, domiciliée aux îles Marshall, autre paradis fiscal. Mais les doutes demeurent.

Source: lemonde.fr

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