Faut-il prendre des vitamines ?

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Ou le paradoxe d’une situation…

Même bien portant, et ayant accès à toutes les richesses nutritives de notre planète, nous voila néanmoins contraints de nous poser cette question : avons-nous besoin de nous supplémenter en vitamines et minéraux, autrement dit les micronutriments ? Il faut d’abord distinguer les nutriments et les micronutriments. Les nutriments sont de manière globale les protéines, glucides et lipides. Dans les pays occidentaux, nous ne sommes pas en carence de nutriments. Il y a même de plus en plus souvent surabondance de certains nutriments, conduisant à l’augmentation inquiétante du nombre d’obèses. Les micronutriments comprennent d’une part les vitamines et d’autre part les minéraux, dont certains sont nommés oligoéléments (oligo signifiant peu) car nécessaires, certes et c’est là toute la nuance, mais en quantité vraiment infime.

Nos cellules puisent l’énergie des nutriments grâce à des réactions chimiques qui nécessitent la collaboration des micronutriments. D’autres réactions chimiques dans notre corps nécessitent également la collaboration des micronutriments. Ils sont en quelque sorte l’étincelle nécessaire à la mise à feu du combustible. Sans micronutriments donc, pas de vie. Passons en revue quelques unes des situations qui conduisent à une carence isolée en micronutriments en présence d’un apport correct ou d’une surabondance de nutriments. Tout d’abord, certaines situations particulières peuvent entrainer une demande accrue ou une difficulté à assimiler certains micronutriments. Entre autre, on peut citer : le grand âge, l’alcoolisme, le tabagisme, le végétalisme, les syndromes de mal-absorptions intestinales, la grossesse, les suites d’une maladie longue et fatigante, ou d’une intervention chirurgicale importante, l’activité sportive intense ou mal coachée, les cures d’amaigrissement avec restrictions abusives…et puis le petit déjeuner oublié. Si vous vous reconnaissez dans une de ces situations, il peut être utile de consulter votre médecin ou votre pharmacien dans le cadre d’une éventuelle supplémentation en micronutriments. Par contre, dans bon nombre des situations citées ci-dessus, il peut être dangereux d’avaler un complexe polyvitaminique sans avis spécialisé car l’apport important de certains micronutriments peut parfois être nuisible à votre santé ! Par exemple, une quantité importante de vitamine A chez une personne souffrant du foie peut aggraver son état. (voir l’article sur la vitamine A).

Ouf ! Je ne me reconnais pas dans la liste ci-dessus. Puis-je donc m’adonner à l’automédication polyvitaminique ?

Même dans ce cas, il vaut mieux s’en référer à son médecin, car vous pouvez très bien avoir un petit souci (par exemple au foie), et l’ignorer. Votre médecin dispose de divers moyens d’investigation tels que l’interrogatoire, l’examen clinique, les tests de laboratoire et de votre dossier médical reprenant toutes vos antériorités. Tous ces éléments précités et qui vous concernent seront utiles pour évaluer la prescription de micronutriments.

Et de la vitamine C qui semble une vitamine tout à fait anodine et sans danger, puis-je en prendre sans avis médical, en quantité raisonnable ?

Et bien, même concernant la vitamine C, l’automédication peut être source de souci ! En effet, sans rentrer dans le détail, cette substance acidifie les urines. Cela peut favoriser la formation de calculs rénaux ! Et conduire notamment à une colite néphrétique très douloureuse ! Donc, mieux vaut éviter l’automédication. (voir l’article sur la vitamine C).

Mais au fond, si je ne me retrouve dans aucune des situations citées plus haut, pourquoi devrais-je tout de même envisager le recours aux micronutriments, sachant qu’on ne peut avaler ces substances sans discernement ?

Pour répondre à cette question, revenons aux causes du paradoxe de nos rations alimentaires pauvres en micronutriments dans une société occidentale proposant une surabondance de l’offre nutritionnelle. Notre activité physique s’est considérablement réduite tant au niveau professionnel que personnel. Ainsi, nous utilisons des machines outils, des ascenseurs ; nous ne coupons plus le bois qui nous chauffe, nous ne marchons plus des dizaines de kilomètres pour aller à la ville en plein hiver, etc.…nos besoins énergétiques ont de ce fait diminué. Nos besoins en nutriments (glucides, lipides, protéines) ont de ce fait nettement décrus. Mais nos besoins en micronutriments ne suivent pas la même courbe descendante, car par rapport aux nutriments, les doses de micronutriments nécessaires à notre bon équilibre sont plus étroitement liées à notre âge, notre sexe, notre état éventuel de grossesse et à notre taille qu’à la quantité de travail fournie. D’après certains nutritionnistes, les besoins en micronutriments sont couverts dès que l’on mange une ration alimentaire comportant au moins 16O0 kilocalories par jour. Mais en réalité, cela dépend des choix alimentaires. Ainsi, on peut très bien mangé 1600 kilocalories constituées de produits transformés, à haute valeur calorique mais comportant peu de micronutriments, produits alimentaires parfois caractérisés de « calories vides ». C’est ainsi qu’il existe même des gens obèses mais dénutris en micronutriments ! C’est peut-être là qu’il faut se remémorer les campagnes « 5 fruits, 5 légumes » qui ont ici tout leur sens.

Que conseiller face à ce constat ?

Tout d’abord de revenir à une alimentation réellement variée et porteuse de micronutriments. Ensuite, de ne pas hésiter à consulter pour envisager une micronutrithérapie de soutien ou de rattrapage. Et enfin de faire un minimum d’exercice physique pour revenir à des rations caloriques normales au cas où on se trouve sous la barre des 1600 kilocalories par jour. Retour à notre paradoxe alimentaire occidental, pour dénoncer cette fois les défauts d’assimilation des micronutriments. Les substances polluantes inhalées ou ingérées peuvent altérer l’assimilation des micronutriments par des processus biochimiques ou par dégradation de la paroi du tube digestif. Ces mêmes muqueuses sont parfois abimées par des virus, ou des allergènes. Certains médicaments entrainent aussi des défauts d’assimilation tel que les laxatifs. Liste bien entendu non exhaustive. Alimentant également notre paradoxe, il nous faut mettre en cause les processus de fabrication de notre nourriture. L’industrialisation de l’agriculture et de la transformation des aliments semble appauvrir la teneur en micronutriments de cette nourriture : appauvrissement des sols par une culture intensive et accélérée, récolte avant murissement, stockage long avant consommation sont autant de pratiques qui diminuent l’apport de micronutriments dans nos assiettes.

En conclusion… Face à tous ces constats, il est probablement possible de trouver des solutions « en amont ». Mais en attendant, nos cellules peuvent se trouver malmenées par le défaut de micronutriments. Dans ce cas, il parait licite de recourir aux micronutriments. Mais cet apport nécessite de la clairvoyance. L’avis d’un médecin ou d’un pharmacien selon le cas nous semble requis, surtout si l’on se rappelle ce vieil adage : le mieux peut être l’ennemi du bien.


Auteur : Dr Ph Vassart

Conflits d’intérêts : l’auteur n’a pas transmis de conflits d’intérêts concernant les données diffusées dans cette interview ou publiées dans la référence citée. Cet article est issu d’une expérience de terrain, il existe d’autres produits, et d’autres protocoles de prise en charge.

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Source: Medecindirect.fr/blog/
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