Arrestation au Nicaragua du sociologue Oscar-René Vargas

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Dans une nouvelle offensive contre toute forme d’opposition, les autorités nicaraguayennes ont arrêté, mardi 22 novembre à Managua, le sociologue Oscar-René Vargas, un des anciens conseillers du président Daniel Ortega devenu l’une des principales voix critiques envers son régime. Deux jours après son interpellation, jeudi, sa famille était toujours sans nouvelles de lui, et ignorait son lieu de détention.

Au moment de son arrestation, M. Vargas se trouvait au domicile de sa sœur, souffrante d’un cancer, chez qui il s’était discrètement rendu alors que, comme la plupart des opposants au régime d’Ortega, il est exilé au Costa Rica depuis 2018. « Des troupes en uniforme des opérations spéciales et d’autres en civil armés de fusils de grand calibre ont fait irruption chez ma tante, explique son fils, le poète René Alberto Vargas Zamora, joint au téléphone aux Etats-Unis. Ils n’avaient aucun ordre d’arrestation. Ils ont pris des photos des personnes présentes, dont mon cousin. Mon père n’a opposé aucune résistance. »

L’avocat de la famille s’est rendu dans divers centres pénitentiaires, dont la tristement célèbre prison d’El Chipote, mais n’a pu obtenir aucune information, précise M. Vargas Zamora, lui-même en exil depuis août 2021. « Mon père a 76 ans, il a un pacemaker, qu’on a dû lui poser après le stress enduré ces dernières années, sa santé est fragile, précise-t-il. Avec la douleur, l’anxiété, la tristesse que provoque cette situation, j’exige du régime le respect de ses droits humains, et de ceux de tous les prisonniers politiques, qui doivent être libérés. »

M. Vargas avait été l’un des membres fondateurs du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) et conseiller du président Ortega lors de son premier mandat (depuis la révolution de 1979 jusqu’à 1990). Il a raconté au site Infobae avoir sauvé ce dernier, le 4 novembre 1967, d’un enlèvement par les hommes de main de la dictature du clan Somoza lors d’une opération contre des guérilleros sandinistes dans la capitale.

Après le retour au pouvoir de Daniel Ortega en 2007, celui-ci avait nommé Oscar-René Vargas ambassadeur du Nicaragua en France. Mais la nomination avait été annulée après que le sociologue avait déclaré dans un entretien au journal La Prensa que « penser est très mal vu dans ce pays » et qu’il n’avait pas l’intention de ne pas exprimer ses idées.

A la suite du mouvement de révolte né en avril 2018 pour réclamer le départ de M. Ortega, « mon père pressentait qu’un ordre d’arrestation serait émis contre lui, il a donc d’abord vécu dans la clandestinité plusieurs mois au Nicaragua, avant de finalement partir au Costa Rica », raconte son fils, qui l’a aidé à se cacher, puis à subvenir à ses besoins, avant de devoir lui-même quitter le pays pour des raisons de sécurité.

Source: lemonde.fr

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