Anne Hidalgo présente ses propositions sur la sécurité, entre l’état des lieux et la déclaration d’intentions

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En matière de sécurité, s’il est recommandé à un candidat à l’élection présidentielle de prendre de la hauteur, une altitude trop élevée ne garantit pas pour autant la définition d’une solide doctrine. En présentant son programme, Réunir la France, jeudi 13 janvier à Paris, Anne Hidalgo, la candidate du Parti socialiste (PS), en a fourni la démonstration. Résumées aux points 46 et 47 d’un programme qui en compte 70, ses principales propositions hésitent entre l’état des lieux en forme de survol et la déclaration d’intentions.

Certes, après la frénésie normative qui a accompagné le moindre surgissement de faits divers au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron, difficile de ne pas acquiescer au constat dressé par la candidate du Parti socialiste, celui d’une nécessaire « efficacité dans la durée » plutôt qu’une politique de « spectacle ». De même, le bon sens commande de reconnaître la pertinence des « deux grandes priorités » affichées par Mme Hidalgo : assurer la tranquillité des Français, lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée.

Mais pour le reste ? Deux paragraphes à peine, qui évoquent le recrutement de policiers et gendarmes « pour répondre aux besoins locaux, précis et spécifiques », leur formation améliorée afin de réprimer « le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, le harcèlement de rue », une présence renforcée « sur le terrain » associée à une meilleure répartition « dans les quartiers aux heures où les habitants ont le plus besoin d’eux », des services de renseignement aux « moyens technologiques et humains confortés »…

Selon quel calendrier et quels critères de déploiement, après quels éventuels arbitrages budgétaires, pour servir quelle stratégie ? Le programme présenté jeudi observe sur ces points un prudent mutisme. Il ne se révèle pas davantage précis en matière de promesses d’allègement de la procédure pénale, une mesure qui répond à l’une des revendications emblématiques des syndicats de policiers, mais se heurte aux engagements communautaires de la France autant qu’aux doutes émis par les organisations professionnelles de magistrats sur la question, véritable serpent de mer du débat judiciaro-policier.

Aussi, y compris au sein du Parti socialiste, lit-on volontiers dans ces engagements la persistance d’un véritable angle mort programmatique, « impensé » socialiste en matière de sécurité que déplorait naguère Julien Dray, alors en charge du dossier. Depuis le début des années 2000 et l’émergence du concept de police de proximité, dernière contribution significative de la gauche dans cette discipline, cette lacune n’a guère été comblée.

Source: lemonde.fr

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