Angleterre-France : les choses sérieuses commencent pour les Bleus

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La présence de l’équipe de France et de celle d’Angleterre en quarts de finale du Mondial qatari n’est rien d’autre qu’un Eurostar qui arrive à l’heure. Sans faire offense aux Danois, aux Américains, aux Sénégalais ou aux Polonais, les Français et les Anglais n’ont pas encore rencontré à Doha d’adversaires de leur calibre – la défaite des Bleus en phase de groupes face à la Tunisie n’était qu’une péripétie. Samedi 10 décembre, au stade Al-Bayt d’Al-Khor, les deux rivaux feront le grand saut vers l’inconnu, lors d’un affrontement indécis qui ne pardonnera pas au vaincu.

Si cette affiche est un classique du football – 41 matchs pour 24 défaites tricolores –, l’équipe de France et celle d’Angleterre n’ont pas de référence en match à élimination directe dans une Coupe du monde. Bien malin qui peut prédire l’issue de cette 42e opposition. « Les grandes nations sont programmées pour jouer ces matchs à élimination directe. C’est du 50-50 », assure au Monde le champion du monde 1998 Emmanuel Petit.

Le sélectionneur anglais, Gareth Southgate, ressent l’excitation du public – et des premiers concernés – devant ce choc rendu encore plus alléchant par l’enjeu inédit : « Cela sera notre plus grand test. Ils sont champions du monde, ont un talent incroyable, des joueurs excellents. Ce sera un gros défi et un match génial à jouer, avec une rivalité historique formidable qui a donné de grands matchs. »

Ex-joueur d’Arsenal et de Chelsea, consultant pour RMC, « Manu » Petit prévient ses successeurs : face aux Anglais, il n’y aura pas de temps pour un échange d’amabilités devant une tasse de thé, pas de round d’observation. « En quarts, l’adversité augmente. Les détails deviennent de plus en plus importants, lance-t-il. Ça s’équilibre, l’incertitude arrive. Il faut immédiatement se mettre au diapason, oublier ce qui s’est passé avant. »

Les Bleus et les Three Lions possèdent chacun un arsenal lourd. « Ce sont deux équipes très fortes, je ne pense pas que quiconque ait peur de l’autre, il y aura beaucoup de respect », notait le défenseur anglais Eric Dier après le net succès de son équipe contre le Sénégal, dimanche (3-0). « Nos latéraux vont avoir affaire à des joueurs comme Phil Foden ou Bukayo Saka, analyse Petit. On n’a pas eu l’habitude d’être défié en un contre un dans les couloirs. Au milieu, Jude Bellingham impressionne. »

En 1998, après des galops d’essai face aux Saoudiens, aux Sud-Africains ou aux Danois, et malgré un piège paraguayen évité de justesse en huitièmes de finale, Petit et les futurs champions du monde avaient senti le goût du sang avant de se mesurer à l’Italie en quarts de finale. « Il y avait plus de tension et de stress. C’était sans filet. Notre niveau de jeu devait s’élever », se souvient-il.

D’autant que les joueurs de ces grandes sélections se connaissent par cœur, puisqu’ils évoluent au sein des mêmes clubs et championnats ou se mesurent en Ligue des champions. Avant ce France-Italie, Lilian Thuram l’avait rappelé, au moment de fouler la pelouse du Stade de France : « Aujourd’hui, c’est une question d’honneur. Il est interdit de perdre. »

Certains des Bleus actuels ont moins bien vécu que leurs aînés une situation similaire en 2014, à l’occasion du premier Mondial disputé sous les ordres du sélectionneur Didier Deschamps. Lors du tournoi brésilien, après des matchs contre le Honduras, la Suisse, l’Equateur et le Nigeria, Hugo Lloris, Raphaël Varane, Antoine Griezmann et Olivier Giroud avaient été pris de vertige dès que la route s’était élevée en quarts de finale contre l’Allemagne, future championne du monde. Leur dernière élimination dans le prestigieux tournoi.

Face au voisin anglais, dont la génération actuelle est fidèle au rendez-vous du dernier carré depuis quatre ans (demi-finale du Mondial 2018 et finale de l’Euro 2021), l’équipe de France 2022 saura si elle est à la hauteur de ses ambitions. La pression est encore plus grande outre-Manche, où toute une nation attend un sacre depuis 1966.

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Source: lemonde.fr

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