Affaire Pegasus : l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri dépose plainte en France contre NSO

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La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme (LDH) ont déposé une plainte, mardi 5 avril, auprès du parquet de Paris, contre la société de cyberespionnage israélienne NSO au nom de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, actuiellement détenu en Israël.

En novembre 2021, l’association irlandaise Front Line Defenders avait révélé que le téléphone de M. Hamouri était infecté par le logiciel espion Pegasus, produit par NSO. Selon les résultats de l’analyse, confirmés par le Citizen Lab de l’université de Toronto et Amnesty International, il aurait été mis sous surveillance depuis au moins avril 2021. Cette surveillance aurait commencé sur le territoire palestinien mais aurait été active pendant une visite de M. Hamouri en France, ce qui permet de porter plaine devant une juridiction française pour « violation du droit au respect de la vie privée ».

Le logiciel Pegasus peut donner un accès à distance total à un appareil visé. En juillet 2021, un consortium international de dix-sept médias, dont Le Monde, avait révélé que le logiciel était utilisé par plusieurs pays pour espionner des journalistes, des militants et des acteurs politiques.

NSO continue de prétendre que sa mission première est d’aider les gouvernements à combattre le terrorisme et le crime organisé. Mais cette plainte vient s’ajouter à des dizaines d’autres déposées devant la justice française à la suite des révélations sur NSO. La société est par ailleurs visée dans d’autres procédures, dont deux engagées par les géants du numérique Meta et Apple.

La FIDH poursuit un autre but, explique Clémence Bectarte, avocate au barreau de Paris et coordinatrice du groupe d’action judiciaire de l’association, « établir judiciairement que Salah Hamouri a bien été surveillé par les autorités israéliennes » : « Ce qu’on attend, c’est que la justice détermine l’étendue de cette surveillance, et de quelle façon elle est liée à sa situation actuelle. »

Cela fait vingt ans que ce natif de Jérusalem, âgé de 36 ans, dont la mère est française, est aux prises avec les différentes branches de l’Etat israélien pour ses activités propalestiniennes. Condamné en 2005 pour avoir, selon la justice israélienne, tenté d’assassiner le grand rabbin séfarade d’Israël de l’époque, Ovadia Yosef, il avait été libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers contre le soldat franco-israélien Gilad Shalit, retenu en otage à Gaza.

Sa femme, Elsa Lefort, est depuis 2016 interdite d’entrée sur le territoire – et lui, depuis octobre 2021, d’en sortir, sous peine de ne pas pouvoir revenir. L’Etat israélien veut, en outre, lui retirer son droit de résidence à Jérusalem pour « faute d’allégeance », le rendant immédiatement passible d’expulsion. Depuis le 7 mars, il est maintenu en « détention administrative » dans une prison militaire, pour des raisons qui restent confidentielles, et pour au moins trois mois renouvelables.

Source: lemonde.fr

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