Trump et la convention républicaine à laquelle personne ne veut assister

WASHINGTON — À seulement six semaines de la convention républicaine pour introniser (et relancer) la candidature de réélection de Donald Trump à Jacksonville, le nombre de cas de coronavirus repart à la hausse en Floride et complique la tâche des organisateurs tout en inquiétant les participants potentiels.

“Cette convention n’aura pas lieu, point final”, s’avance un conseiller de la Maison Blanche sous couvert d’anonymat. “D’habitude, à l’approche d’une convention, les gens s’agitent dans tous les sens pour tout préparer et apporter leur soutien mais, cette fois, il ne se passe rien. La convention est en pleine perte de vitesse.”

Habituellement, à ce stade, il y a longtemps que les délégués, les militants et les élus ont réservé des hôtels et obtenu un calendrier détaillé. Selon plusieurs consultants et militants à travers le pays, ce n’est toujours pas le cas.

Une organisation chamboulée

“J’ai parlé à plusieurs de mes candidats et ils me disent qu’ils n’iront pas car ils ont des campagnes à gagner et que la convention ne compte aucun électeur indécis”, précise un consultant républicain dans le Midwest, qui préfère lui aussi rester anonyme. “Je pense que la plupart des candidats et des élus feront la même réponse. En revanche, les militants et les délégués seront très certainement présents.”

Selon un consultant en Floride, le Parti républicain de l’État n’a même pas publié la liste des délégués participants car il n’a obtenu aucun engagement ferme.

Un autre conseiller de la Maison Blanche, qui parle également sous couvert d’anonymat, estime qu’environ 15.000 participants viendront célébrer la nomination de Donald Trump pour un deuxième mandat. Le candidat a déjà obtenu 20 millions de dollars en promesse de dons. “L’objectif est d’atteindre les 30 millions. Ce n’est pas facile car les gens ne veulent pas donner deux fois.”

Selon le document d’appel aux dons pour financer la campagne que nous nous sommes procurés, les montants vont de 1000$ (President’s Club) à 1.161.200 $ par couple (Presidential Trust). Les donateurs se voient offrir des activités diverses sur Amelia Island, une station balnéaire située à 60 kilomètres au nord-est de Jacksonville, et un accueil personnalisé du 24 au 27 août.

La ville qui accueille la convention a habituellement deux ans pour l’organiser. Jacksonville a eu à peine deux mois, après que Donald Trump a décidé d’annuler l’événement à Charlotte, en Caroline du Nord, car le gouverneur démocrate de l’État ne pouvait pas lui garantir de remplir l’arène de basketball et lui offrir la salle comble qu’il voulait.

Début juin, lorsque Jacksonville a accepté d’accueillir ce rassemblement, la Floride commençait à assouplir les mesures sanitaires grâce au gouverneur Ron DeSantis, l’un des principaux alliés du président américain. Mais, ces dernières semaines, l’État a connu une explosion de nouveaux cas de coronavirus — jusqu’à 15.000 par jour — avec des hospitalisations et des décès en hausse.

Le week-end du 11 et 12 juillet, il est apparu évident qu’il serait difficile d’éviter la propagation du virus, notamment chez les républicains, dont beaucoup suivent l’exemple de Donald Trump, qui refuse de porter un masque en public. Lors d’une préconvention à Jacksonville, Mike Pence, le vice-président américain, s’est affiché visage découvert, lors d’une réunion organisée dans une petite pièce au plafond bas. Selon le siteFlorida Politics, plusieurs personnes présentes ce jour-là ont ensuite assisté à un événement républicain de l’État, et un lobbyiste a été testé positif au coronavirus.

Le cabinet de Mike Pence n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Un nouveau lieu ?

Lundi 13 juillet, Trump lui-même a reconnu que la nouvelle flambée épidémique en Floride était problématique pour sa convention. “Nous verrons bien. Ça s’est un peu développé, mais nous ferons quelque chose qui sera formidable”, a-t-il déclaré.

Mardi 14 juillet, les organisateurs semblaient vouloir déplacer l’événement vers le stade de football américain des Jaguars de Jacksonville. Si une convention en extérieur peut réduire le risque de propagation du virus, elle pose néanmoins d’autres problèmes.

“Jacksonville? En plein air? En août?”, sourit le consultant républicain de la Floride, qui décrit la chaleur extrême et les orages quasi quotidiens que connaît la ville à cette période de l’année.

Si le comité organisateur décide d’opter pour le TIAA Bank Field des Jaguars, Donald Trump se produira devant un stade de 70 000 places, occupé tout au plus par 15 000 personnes, ce qui est loin des 80 000 qu’avait rassemblé Barack Obama en 2008 au Mile High Stadium de Denver.

“Une solution serait de recouvrir les gradins supérieurs de bâches, pour cacher les sièges vides”, avance le consultant, qui ajoute que “Jacksonville remplit rarement son stade de football”.

L’un des conseillers de la Maison Blanche pense que le terrain d’entraînement adjacent (couvert et également utilisé pour les concerts) pourrait faire l’affaire, tout en admettant que la météo risque de ne pas être idéale. “Il y fera plus chaud qu’en enfer.”

Cet article, publié surLe HuffPost américain, a été traduit par Karine Degliame-O’Keeffe pour FastForWord.

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Source: huffingtonpost.fr

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