Tests de dépistage au Covid-19 en pharmacie: tout ce que vous devez savoir

CORONAVIRUS – Pour accélérer le dépistage du Covid-19 en France, les pharmaciens sont autorisés, depuis le 11 juillet et jusqu’au 30 octobre, à réaliser des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD). Ces examens, uniquement réalisables jusqu’alors dans les laboratoires d’analyses médicales ou à l’hôpital, permettent de savoir en quelques minutes si vous avez été en contact et infecté par le virus ces derniers mois ou semaines.

En revanche, ils ne vous permettront pas d’être averti d’une contamination récente et il ne faut les considérer que comme un premier diagnostic. Si vous avez des symptômes (fièvre, toux, difficultés respiratoires, perte de goût ou d’odorat), appelez votre médecin traitant et prenez rendez-vous dans un laboratoire d’analyse.

  • Comment cela se déroule-t-il?

Il vous suffit de vous rendre dans une pharmacie. Si ces tests sont vendus et ont d’ores et déjà été livrés, votre pharmacien -équipé d’un masque et de gants- va vous conduire dans un “espace de confidentialité” et appliquer une petite “lancette” sur le bout de votre doigt. Une petite piqûre suffit. La goutte de sang apparaît, vite aspirée par une pipette, puis est délicatement déposée par le pharmacien sur une plaquette équipée d’un réactif.

Plus que quelques minutes à attendre (15 à 20 minutes maximum) et vous saurez si vous avez été contaminé. “C’est un test immunologique qui permet de détecter la réaction du corps à l’infection virale (…) S’il y a présence d’anticorps, ça va apparaître sur la plaque, il y aura un petit trait horizontal” qui confirmera la contamination, explique à l’AFP le pharmacien Pierre Fritz installé à Strasbourg. Déjà livré, il pratique ces tests depuis le début de la semaine.

La plupart de ces kits mettent également à disposition un “certificat”, rempli et signé par le pharmacien, avec la date et le résultat du test que le client peut conserver, s’il souhaite voyager quelques jours après par exemple.

  • Combien cela coûte-t-il et est-ce remboursé par la Sécu?

Le ministère de la Santé a publié une liste des 51 tests de ce type autorisés. Ils peuvent détecter les anticorps produits par le système immunitaire pour lutter contre le coronavirus (IgG, pour immunoglobulines G; ou IgM, pour immunoglobulines M) et sont vendus à partir de 15 euros, avec des prix pouvant parfois grimper jusqu’à 35 euros, selon les pharmacies.

Pour l’heure, ces tests rapides ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale. Les patients ne peuvent pas non plus les utiliser eux-mêmes, en raison des “risques de mauvaises utilisations des tests” ou de lecture des résultats erronées, explique à l’AFP Florian Gotti, responsable marketing du laboratoire Toda Pharma, spécialisé dans les tests de diagnostics rapides.

Ce laboratoire a d’abord commercialisé son test fin février auprès des cliniques et des laboratoires d’analyses, avant d’en modifier le conditionnement pour l’adapter aux pharmacies afin “qu’elles disposent de tests unitaires” faciles à utiliser, avec un résultat clairement interprétable par un professionnel.

“Tant qu’il n’y aura pas de recul suffisant sur la maladie, les ‘autotests’ ne seront pas autorisés”, estime-t-il. Il confie toutefois que son laboratoire a, comme d’autres, d’ores et déjà anticipé un probable feu vert pour ces “autotests” sur lesquels il est “déjà en train de travailler”.

  • Est-ce fiable et utile?

Les bandes sur la plaquette seront plus ou moins teintées, selon que vous soyez positif ou non. Si tel est le cas, cela est le signe d’une probable contamination. Probable, car ces tests ne sont pas infaillibles (les taux de faux positifs et négatifs diffèrent selon les tests mais existent). Début mai, la Haute autorité de santé (HAS) avait d’ailleurs indiqué que ces tests, “utiles dans la surveillance épidémiologique et la stratégie diagnostique”, devaient être confirmés par d’autres tests sérologiques (tests ELISA) réalisés eux exclusivement en laboratoire.

Par ailleurs (et surtout), le test TROD ne détecte pas une contamination récente survenue dans les cinq derniers jours avant votre passage en pharmacie. Les pharmaciens sont d’ailleurs censé jauger, grâce à un questionnaire, de l’utilité de votre dépistage. Si par exemple vous vous présentez en pharmacie car vous avez des symptômes du Covid-19 depuis quelques heures ou jours, un test TROD est inutile: les anticorps n’apparaissent au mieux qu’une semaine après la contamination.

Les tests PCR par voie nasale, réputés plus fiables, sont alors conseillés après avoir appelez votre médecin ou SOS médecin. Ils vous permettront de savoir si vous êtes contagieux et si tel est le cas d’engager la procédure de “contact tracing”.

Pour résumer, ce test en pharmacie permet, avant tout, de savoir si vous avez été en contact avec le virus et si vous avez fabriqué des anticorps contre la maladie. Dans de rares cas, il peut également permettre de dépister une personne malade ou asymptomatique, contaminée il y a 5 à 10 jours et dont les gouttelettes projetées pourraient toujours être contagieuses pour son entourage. Une personne infectée reste contagieuse une dizaine de jours au maximum.

Enfin, une fois votre résultat en poche, il ne faut pas non plus trop compter sur l’immunité basée sur les anticorps, acquise après avoir guéri du Covid-19. Selon une étude du King’s College de Londres (non évaluée par des pairs) mise en ligne le 13 juillet sur le site medrxiv, l’immunité disparaîtrait la plupart du temps en quelques mois.

Les chercheurs ont étudié la réponse immunitaire de plus de 90 cas confirmés (dont 65 par tests virologiques). Leurs résultats montrent que les niveaux des anticorps neutralisants, capables de détruire le virus, atteignent un pic en moyenne trois semaines environ après l’apparition des symptômes, puis déclinent rapidement.

D’après les analyses sanguines, même les individus présentant de légers symptômes ont eu une réponse immunitaire au virus, mais généralement moindre que dans les formes plus sévères. Seuls 16,7% des sujets avaient encore de forts niveaux d’anticorps neutralisant 65 jours après le début des symptômes.

À voir également sur Le HuffPost: Pourquoi rien n’est encore certain sur l’immunité

Source: huffingtonpost.fr

laissez un commentaire