Prix de l’énergie : Dans les Alpes-Maritimes, une crèche et une médiathèque chauffées aux « déchets » d’olive

Le moulin de la commune triture environ 200 tonnes d’olives par an, soit une production d'environ 35 à 40 tonnes de noyaux broyés
Le moulin de la commune triture environ 200 tonnes d’olives par an, soit une production d’environ 35 à 40 tonnes de noyaux broyés — Le Broc
  • Depuis 2016, l’olive est également utilisée pour faire monter la température dans plusieurs bâtiments publics du village du Broc, dans les Alpes-Maritimes.
  • Ces « grignons », les résidus du pressage pour obtenir de l’huile, étaient jusque-là « emportés en déchetterie sans aucune valorisation », note le maire de la commune.
  • Au-delà de sa « vocation environnementale », l’aspect économique de ce projet est aujourd’hui un « vrai plus » pour ce petit village de 1.400 habitants qui doit faire face, comme les autres collectivités, à la flambée des prix de l’énergie.

L’olive de Nice a des vertus insoupçonnables. Au Broc, dans les Alpes-Maritimes, où la culture de cet or noir est une religion, « rien ne se perd, tout se transforme » : le fruit de l’olivier est également utilisé pour faire monter la température dans plusieurs bâtiments publics raccordés à la chaufferie du moulin communal. Sur place depuis 2016, des travaux ont été faits pour pouvoir faire brûler, en plus des traditionnels pellets, les résidus du pressage de l’huile.

Ces « grignons » étaient jusque-là « emportés en déchetterie sans aucune valorisation » et c’est la « vocation environnementale » du projet qui a d’abord séduit le conseil municipal, rappelle la maire sans étiquette Philippe Heura. Aujourd’hui, son aspect économique est également un « vrai plus » pour ce petit village de 1.400 habitants qui doit faire face, comme les autres collectivités, à la flambée des prix de l’énergie.

L’initiative aurait déjà permis à la mairie « d’économiser environ 9.000 euros d’électricité pour le chauffage des bâtiments et 12.000 euros pour l’élimination des grignons ». Une crèche, la médiathèque, l’école de musique, soit 1.000 m2 d’espaces, en bénéficie. La chaudière du moulin, nécessaire a son fonctionnement, est aussi alimentée.

Une matière première disponible, sans transport

L’investissement de départ, soit 15.000 euros, « a été amorti au bout de cinq ans selon nos calculs » et « les grignons nous offrent aujourd’hui un complément qui nous permet de limiter la hausse du coût des pellets », ajoute l’édile. Concrètement, une machine capable de séparer la pulpe des noyaux a été installée. Et la matière première est disponible directement sur place. Sans aucun besoin de transport.

« Le moulin triturant environ 200 tonnes d’olives par an, on peut espérer une production de 35 à 40 tonnes de noyaux broyés, ce qui permet de répondre à la demande locale en matière de chauffage des bâtiments publics, avec une bonne marge de manœuvre pour les années moins fastes », indique la municipalité.

Les années où les récoltes sont moins importantes, la collectivité peut ainsi puiser dans ses stocks. Et tout le monde est content. « Les gens qui nous confient leurs olives sont ravis de savoir qu’elles servent aussi au chauffage des bâtiments communaux, appuie Brigitte Bourreaud, la directrice du moulin. C’est un cercle vertueux. »

Il peut endommager les chaudières classiques

Le dispositif a déjà séduit d’autres communes également proches de Nice, comme celle de Gillette et de Tourretes-Levens. Mais, « c’est encore une solution compliquée et surtout coûteuse à mettre en œuvre, surtout pour les petites collectivités », tempère Jean-Luc Belliard, chef du pôle eau et environnement à la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes. « L’avantage du grignon, son très bon pouvoir calorifique, est aussi son point faible. En chauffant très fort, il peut endommager les chaudières classiques, il faut donc nécessairement installer un suréquipement pour éviter les accidents. Et puis, l’aspect saisonnier est évidemment à prendre en compte », note le spécialiste.

Une autre solution existe pour ne pas perdre les grignons sans avoir à faire d’investissement particulier. Les mélangeant aux pellets, sans dépasser un maximum de 10 % du total. Comme ça, aucun risque de détériorer le matériel.

Source: 20minutes.fr
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