Pourquoi la baisse des émissions de gaz à effet de serre ne suffira pas à enrayer le réchauffement climatique ?

Au niveau mondial, les émissions de dioxyde de carbone pourraient chuter de 5,5% en 2020 par rapport à l’an dernier.[©CLAUDIO REYES / AFP]

Moitié de l’humanité confinée, fermeture des aéroports, arrêt des sites industriels… La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 va entraîner une chute sans précédent des émissions de gaz à effets de serre. Pour autant, cette baisse ne suffira pas à enrayer le réchauffement climatique.

Au niveau mondial, les émissions de dioxyde de carbone (CO2), l’un des principaux gaz à effet de serre, pourraient chuter de 5,5% en 2020 par rapport à l’an dernier, ce qui correspond à 2.000 millions de tonnes de CO2 (MtCO2) évitées, selon une étude publiée par le site spécialisé britannique Carbon Brief.

une baisse plus forte et continue

Si cette baisse causée par le coronavirus est historique – la plus importante enregistrée depuis la Seconde Guerre mondiale -, elle reste insuffisante.

Pour limiter le réchauffement climatique et respecter l’Accord de Paris, qui prévoit de contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C, il faudrait qu’elle soit de l’ordre de 7,6 % tous les ans pendant les dix prochaines années, soit une diminution totale de 55% d’ici à 2030. «Les concentrations de carbone atmosphérique et les températures mondiales continueront d’augmenter tant que les émissions annuelles ne seront pas égales à zéro.», affirme Carbon Brief.

«Une baisse de 10% des émissions mondiales de combustibles fossiles entraînerait encore le rejet de quelque 33.000 MtCO2 dans l’atmosphère en 2020, soit un total plus élevé que toute autre année avant 2010. Toute réduction des émissions en 2020 à elle seule aura donc peu d’impact, à moins qu’elle ne soit suivie de changements plus durables», est-il encore expliqué. 

un probable effet rebond

Les chercheurs redoutent également un effet rebond des émissions de CO2 lors de la reprise des activités.

Comme le rappelle sur Twitter le climatologue au Centre de recherche international sur l’environnement et le climat (Cicero) Glen Peters, la crise financière de 2008-2009 avait entraîné une baisse des émissions, de l’ordre de 1,4%, mais elle avait été suivie «d’un fort rebond» due à la relance. Les émissions avaient en effet remonté de 5,1 % un an plus tard.

De son côté, le site du magazine américain Grist explique que les habitants, malgré les mesures de restrictions mises en place pour lutter contre la propagation du virus, continuent à émettre beaucoup de CO2, et ce, pour des raisons structurelles. En effet, la population a toujours besoin «de s’éclairer, de se connecter à l’internet», et de se chauffer.

Or cette électricité est «toujours produite en grande partie à partir de combustions fossiles», souligne Gavin Schmidt, climatologue et directeur du Goddard Institute for Space Studies de la NASA, à New York (Etats-Unis). Et l’électricité et le chauffage combinés, rappelle le site, représentent plus de 40% des émissions mondiales.

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Source: cnews.fr
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