Plusieurs militants nationalistes arrêtés en Corse

Autres articles
1 De 92

Plusieurs personnes, dont Pierre Paoli, militant de Corsica libera soupçonné d’avoir été le chef du Front de libération nationale corse (FLNC), ont été arrêtées jeudi 1er décembre en Corse par la sous-direction antiterroriste (SDAT), selon une association nationaliste et des sources proches du dossier.

« Corsica libera et ses militants sont de nouveau ciblés par la répression politique », a dénoncé sur les réseaux sociaux l’association de défense des prisonniers dits « politiques », Sulidarita, en annonçant ces arrestations. Elle précise, comme Corsica Libera sur les réseaux sociaux, que Pierre Paoli, l’un des leaders du parti indépendantiste qui avait été acquitté en juin 2018 par la cour d’assises de Paris pour des attentats en 2012, et « plusieurs autres personnes » ont été arrêtées jeudi matin en Corse-du-Sud par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire. Cette information a été confirmée à l’Agence France-Presse par deux sources proches du dossier. Selon une troisième source, la SDAT a effectué trois arrestations, en lien avec l’enquête sur une conférence de presse clandestine de 2021.

En mai 2021, le parquet antiterroriste français (PNAT) s’était en effet saisi de l’enquête sur l’annonce de la création d’un nouveau groupe armé baptisé « FLNC Maghju 21 » FLNC mai 2021 en français lors d’une conférence de presse clandestine.

Pour Sulidarita, ces arrestations de jeudi « mettent en lumière la volonté de l’appareil d’Etat français d’engager en Corse un processus historique de soumission et non de négociations comme certains aimeraient le laisser croire ». Exigeant « la libération immédiate de tous les gardés à vue », l’association a appelé à un rassemblement devant le commissariat d’Ajaccio jeudi soir à 19 heures.

Ces arrestations interviennent alors que la Corse connaît une multiplication d’incendies criminels depuis un an. Ces incendies, parfois assortis de tags, ont surtout visé des résidences secondaires appartenant le plus souvent à des Français habitant dans l’Hexagone, mais sans revendication officielle.

Le 11 juillet, seize « actions » visant deux véhicules de police, deux entreprises du bâtiment et douze résidences privées, dont l’incendie de trente-six mobil-homes dans un camping d’Aleria (Haute-Corse), avaient été revendiquées par le groupe clandestin du Front de libération nationale corse.

Le parquet national antiterroriste s’était saisi des enquêtes liées à ce communiqué du FLNC, enquêtes qui ont été confiées à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire. Contacté par l’AFP, le PNAT n’avait pas répondu dans l’immédiat.

Ces arrestations interviennent sur fond de tensions entre les élus nationalistes corses et l’Etat concernant la situation de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, tous deux condamnés à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac, qui se sont vu refuser à plusieurs reprises par la justice un aménagement de leur peine. L’agression mortelle en mars à la prison d’Arles d’Yvan Colonna, également condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac, avait donné lieu à des semaines de manifestations et de heurts en Corse.

Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, s’était rendu sur l’île en mars et s’était engagé à discuter de son avenir, jusqu’à une possible autonomie. Il avait mis sur pied en juillet un comité stratégique, avec des réunions prévues toutes les six semaines. Mais, le 29 septembre, un nouveau refus de la justice d’accorder une libération conditionnelle à Pierre Alessandri avait grippé ce cycle de réunions, les élus corses demandant au gouvernement de recréer « les conditions politiques d’un dialogue serein et de la confiance réciproque », selon la motion solennelle de l’Assemblée de Corse prise le jour même. Le 4 octobre, M. Darmanin avait annulé une visite sur l’île, estimant que « les conditions d’un débat serein » n’étaient « pas réunies ».

Le ministre est désormais attendu en Corse les 8 et 9 décembre prochains, pour une visite qui n’aura pas lieu dans le cadre du cycle de concertations en cours sur l’avenir de l’île, a précisé son entourage à l’AFP. Les élus corses attendent la prise en compte de la situation des détenus dits « politiques » dans les négociations avec l’Etat.

Source: lemonde.fr

laissez un commentaire