Le cas Charles Pieri une nouvelle fois au cœur des crispations en Corse

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Voilà un épisode qui ne devrait pas arranger l’état des relations entre le gouvernement et une partie du mouvement nationaliste corse. Interpellé, lundi 5 décembre, en Corse avec sept autres personnes, dont l’un de ses fils et l’un de ses petits-fils, l’ancien leader indépendantiste Charles Pieri ainsi que les autres mises en cause, ont été mis en examen vendredi 9 décembre. Charles Pieri a été placé en détention provisoire et les sept autres sous contrôle judicaire.

A l’issue de quatre jours de garde à vue dans les locaux de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le vieux chef nationaliste, âgé de 72 ans, suspecté d’avoir été dans les années 1990 et 2000 l’un des principaux dirigeants du Front de libération nationale de la Corse (FLNC) est poursuivi pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes » et détention d’armes. Lors de perquisitions menées, lundi, à son domicile et à ceux de ses proches, les policiers ont découvert deux pistolets automatiques, plusieurs armes de chasse ainsi que des chargeurs et des munitions.

Charles Pieri, qui, jusqu’à ces derniers mois, était encore membre de la direction exécutive du parti indépendantiste Corsica libera, est un multirécidiviste. Depuis le début des années 1980, on ne compte plus ses séjours en prison et ses condamnations, tant pour ses engagements liés au nationalisme que pour ses activités criminelles de droit commun. Sa dernière condamnation à six mois de prison – peine qui a été aménagée et ne lui a pas valu de détention – remonte à octobre 2021. Elle vise des délits de « recel d’abus de confiance ». Charles Pieri bénéficiait de voitures à titre « gracieux » auprès de la société Filippi Auto, franchisée Hertz, qui avait « omis » de lui facturer la location d’un véhicule de mai 2017 à mai 2019.

Avant cela, et pour ne parler que des vingt dernières années, « Carlu » – ainsi que ses amis l’appellent – avait été condamné, en 2005, par la cour d’appel de Paris à huit ans d’emprisonnement pour « abus de biens sociaux », « extorsions de fonds », « financement de terrorisme » et « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Depuis une vingtaine d’années, le « système Pieri » est au cœur des relations incestueuses entre voyous et nationalistes armés.

Dans un rapport de mars, qui dresse l’inventaire des vingt-cinq principales « équipes criminelles en Corse », la direction de la police nationale lui consacre un chapitre. « Charles Pieri est une figure historique du mouvement nationaliste corse depuis le début des années 1980 », relève-t-elle. Elle lui attribue des liens avec le grand banditisme insulaire, particulièrement avec La Brise de mer et l’un de ses parrains, Francis Mariani, mort dans une explosion criminelle en janvier 2009, et en compagnie duquel Charles Pieri s’était évadé de la prison de Borgo (Haute-Corse), en 1984.

Source: lemonde.fr

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