L’Espagne va réformer ses services de renseignement après l’espionnage de son premier ministre par le logiciel Pegasus

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A la suite d’un retentissant scandale d’espionnage, le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé, jeudi 26 mai, une réforme de la loi régissant le fonctionnement des services de renseignement.

« Il s’agit de renforcer les garanties de ce contrôle [judiciaire], mais aussi d’assurer le respect maximal des droits individuels et politiques des personnes », a déclaré le chef du gouvernement de gauche devant la Chambre des députés.

M. Sanchez a également annoncé l’adoption prochaine d’une nouvelle loi relative aux « informations classifiées », l’actuelle législation datant de 1968, donc du temps de la dictature franquiste. « Il est urgent que la réglementation s’adapte aux principes démocratiques, constitutionnels », a insisté le premier ministre.

Ce scandale, qui a coûté son poste à la cheffe du Centre national du renseignement (CNI), Paz Esteban, a éclaté en avril après la révélation que les téléphones d’indépendantistes catalans avaient été écoutés par les services de renseignement espagnols au moyen du logiciel espion israélien Pegasus.

Les indépendantistes catalans avaient alors menacé de retirer leur soutien au Parlement au gouvernement minoritaire de M. Sanchez, avec le risque de provoquer sa chute avant le terme de la législature, prévue à la fin de 2023.

L’affaire avait ensuite pris une autre dimension lorsque le gouvernement avait dévoilé que M. Sanchez et sa ministre de la défense, Margarita Robles, avaient eux-mêmes été espionnés par ce logiciel, cette fois dans le cadre d’une « attaque externe » dont l’auteur reste à ce jour inconnu.

Les réformes annoncées jeudi « mettront à jour les procédures (…) afin d’éviter que ces brèches de sécurité se reproduisent dans l’avenir », a affirmé le premier ministre espagnol. « Pourquoi vous venez ici promettre un contrôle judiciaire renforcé du CNI quand la personne contrôlant le CNI est le chef du gouvernement, donc vous ? Vous ne pouvez pas blanchir votre gouvernement de tout ce qui s’est passé », a lancé jeudi au Parlement Gabriel Rufian, responsable du parti séparatiste catalan ERC.

M. Sanchez a par ailleurs insisté sur la nécessaire « augmentation des capacités des services de renseignement espagnols », notamment « face aux attaques des services de renseignement hostiles ». Devant les députés, le chef du gouvernement a de nouveau défendu le CNI en affirmant qu’il avait « toujours agi dans la légalité ».

Il a confirmé que dix-huit indépendantistes catalans avaient effectivement été mis sur écoute par le CNI mais dans des moments « durs » et « difficiles » liés à la crise en Catalogne (nord-est) qui a été, en octobre 2017, le théâtre d’une tentative de sécession.

Les séparatistes avaient alors organisé un référendum d’autodétermination malgré son interdiction par la justice et déclaré unilatéralement l’indépendance de la région. Les autres indépendantistes espionnés « l’ont été par des acteurs inconnus, étrangers à l’administration espagnole », a affirmé M. Sanchez, en réitérant sa volonté de maintenir le dialogue engagé avec les séparatistes catalans.

Source: lemonde.fr

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