Formule 1 : comment le pilote Romain Grosjean a-t-il pu survivre à son accident ?

Le pilote de Formule 1 Romain Grosjean est sorti presque indemne d’un accident d’une puissance impressionnante lors du Grand prix de Bahreïn. Un « miracle » dû notamment à du matériel de pointe, un service médical efficace et beaucoup de chance.

Accident de Formule 1 de Romain Grosjean

La survie de Romain Grosjean après son grave accident vécu lors du Grand Prix de Barheïn relève du « miracle ».

Bryn Lennon / POOL / AFP

Dimanche 29 novembre 2020, en plein Grand prix de Bahreïn, le pilote de formule 1 Romain Grosjean dévie de sa trajectoire et fonce à pleine vitesse dans la barrière de sécurité. Il passe de 220 km/h à 0 km/h en trois secondes, ce qui représente un choc de 53G (à titre de comparaison, le décollage d’un avion de ligne représente seulement 0,4G). La voiture se sépare en deux et prend feu immédiatement. Le pilote se retrouve alors prisonnier des flammes. Pourtant, malgré le choc et le feu, le pilote français ressort par miracle des flammes 28 secondes après l’accident. Le lendemain, il envoie déjà une vidéo sur Instagram en affirmant qu’il allait “bien, ou plutôt bien. Il est prévu qu’il ressorte de l’hôpital deux jours seulement après l’accident. Comment a-t-il pu survivre malgré le choc et les brûlures ? Selon Philippe Rouch, biomécanicien et grand fan de Formule 1, sa survie est due autant à la chance qu’à des développements technologiques règlementés.

Des Formule 1 bien conçues

La survie du pilote helvético-français est due en partie à la conception de son véhicule. Afin de minimiser les dégâts lors d’un choc, il faut dissiper l’énergie liée à la vitesse du véhicule. Selon la formule de l’énergie cinétique E c = ½ m v2, l’énergie est proportionnelle à la masse et dépend de la vitesse au carré. La Formule 1 pesant 750 kg, l’essence 110 kg et le pilote 75 kg, soit un total de 935 kg, et la vitesse lors de l’accident étant de 220 km/h, l’énergie du choc représentait 1,75 Mégajoule, une quantité « énorme » selon Philippe Rouch. Pour dissiper cette énergie, la voiture est conçue afin que lors d’un choc, un maximum de petites parties se disloquent, chacune libérant de l’énergie. La cellule de sécurité où se trouve le pilote, construite en carbone, est au contraire très solide et permet de protéger la personne contenue à l’intérieur. Lors de l’accident de Romain Grosjean, la quasi-intégralité de l’avant de la monoplace s’est désintégrée et a ainsi dissipé une bonne partie de l’énergie cinétique, minimisant le choc sur le pilote.

Depuis 2018, un système nommé Halo a été introduit dans les voitures de course : il consiste en un arceau de sécurité au-dessus du cockpit qui protège la tête de débris volants ou d’un éventuel retournement du véhicule. Ce système peut supporter une masse de 12 tonnes ou protéger le choc d’une roue lancée à 225 km/h. Si Romain Grosjean était sceptique face à ce système autrefois, il est reconnaissant de sa présence lors de sa vidéo envoyée le lendemain de son accident. Selon lui, “sans le système Halo, je ne pourrais pas vous parler aujourd’hui.

La position du pilote dans le véhicule n’est pas non plus laissée au hasard : sa position couchée permet de limiter les charges verticales auxquelles le corps humain a de mauvaises capacités à résister. Cette position est de même optimisée par la position des jambes au-dessus de l’axe des roues avant afin que le pilote n’ait pas les jambes brisées en cas de choc frontal. De plus, le « coup du lapin » est évité grâce au système nommé HANS qui couple la tête et le tronc.  

Une combinaison qui résiste à la chaleur

La combinaison, la cagoule, les gants et les chaussons des pilotes de formule 1 sont fabriqués à base de Nomex, une fibre synthétique résistante au feu. Cette matière permet de protéger 45 secondes jusqu’à 700°C. Leur gant gauche contient des capteurs qui permettent aux équipes médicales de rester informés en direct de l’état de santé du pilote. De plus, le casque des pilotes de formule 1 contient des matériaux résistants à la chaleur et sa visière est imperméable au feu. Du matériel qui a permis au pilote de rester 28 secondes dans les flammes.

Un service médical efficace

Le service médical de la Fédération Internationale Automobile (FIA) a aussi eu un impact crucial dans la survie du pilote. Selon Jean-François Chermann, neurologue spécialiste des commotions chez les sportifs, les avancées médicales se sont considérablement améliorées durant les 20 dernières années : interventions de plus en plus rapide et opérations chirurgicales sur place en font partie. Il ajoute même que “si l’accident était survenu il y a 20 ans, je pense qu’il serait mort.

Un entraînement d’athlète

C’est depuis 2009 que Romain Grosjean vit de sa passion en Formule 1. Cet entraînement a non seulement porté ses fruits dans ses succès, mais aussi lors de son accident : il ressort lui-même des flammes sans avoir perdu connaissance. Cela n’étonne pas le neurologue Jean-François Chermann : “Les athlètes de haut niveau sont capables de faire des choses extraordinaires. […] La motivation et le cerveau permettent de prendre sur soi, et quand on est motivé, quand on a envie, on est capable de soulever des montagnes.

Une chance inouïe

Il a fallu aussi au pilote beaucoup de chance. Car même si la technologie qu’il utilise est à la pointe, que l’équipe médicale et l’entraînement sont excellents, Romain Grosjean a eu énormément de chance de sortir (presque) indemne de cet accident. Aucune commotion, aucune perte de conscience malgré le choc et les 28 secondes dans les flammes : Romain Grosjean peut bien se définir comme miraculé.   

Source: Sciencesetavenir.fr
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