Réforme des bourses étudiantes : Comment le système va-t-il évoluer ?

Aujourd'hui 34,8 % des étudiants touchent une bourse sur critères sociaux.
Aujourd’hui 34,8 % des étudiants touchent une bourse sur critères sociaux. — Canva
  • En cette rentrée, le gouvernement va s’attaquer au dossier sensible de la réforme des bourses étudiantes.
  • Une concertation nationale sera lancée à ce sujet début octobre, afin de définir les changements à prévoir.
  • Nombre de bénéficiaires, mode de calcul, territorialisation des aides… Tels sont quelques-uns des thèmes qui seront débattus.

Ce fut l’Arlésienne du précédent quinquennat. La réforme des bourses étudiantes, pourtant promise par le gouvernement, n’a finalement pas vu le jour. Et la voilà remise sur le métier pour ce nouveau quinquennat, conformément à la promesse de campagne du président. Ce sera même l’un des dossiers les plus brûlants de la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau.

Lors de sa conférence de presse de rentrée, le 15 septembre, elle a d’ailleurs reconnu la « nécessité de revoir en profondeur le système de bourses sur critères sociaux ». Un avis amplement partagé par les organisations étudiantes. « Le système est à bout de souffle », estime Imane Ouelhadj, présidente de l’Unef. « Ça fait des années que l’on demande cette réforme. Elle peut être faite tout de suite et l’on n’arrive pas à comprendre pourquoi il faut attendre encore, alors que la précarité étudiante explose », abonde Étienne Matignon, le tout nouveau président de la Fage.

« L’atterrissage de la réforme aura lieu à la rentrée 2024 ou 2025 »

Mais les étudiants vont devoir encore faire preuve de patience. Une concertation doit s’ouvrir début octobre sur le sujet. Elle sera pilotée par le délégué interministériel Jean-Michel Jolion, qui sera nommé à ce poste le 1er octobre. Un bilan d’étape sera ensuite effectué en janvier 2023. En fonction des points d’accord, « de premières solutions pourront être mises en œuvre à la rentrée 2023 », a annoncé le ministre. Il faudra attendre juin 2023, avec la remise du rapport du délégué interministériel, pour découvrir les contours exacts du nouveau modèle de bourses. « L’atterrissage de la réforme aura lieu à la rentrée 2024 ou 2025 », a indiqué Sylvie Retailleau. Une certitude : les débats risquent d’être houleux.

Selon le système actuel, les bourses sont attribuées en fonction des ressources des parents, et huit échelons sont prévus. En 2021-2022, les montants annuels étaient compris entre 1.042 et 5.736 euros, et 750.000 étudiants touchaient une bourse (soit 38,4 % des effectifs). Mais selon Étienne Matignon, « les étudiants des classes moyennes basses sont les plus oubliés du système ». « Beaucoup sont obligés de se salarier pour subvenir à leurs besoins », ajoute Imane Ouelhadj.

Supprimer les effets de seuil qui pénalisent

Pour les organisations étudiantes, il est donc impératif que le nombre de boursiers soit revu à la hausse. Ce qui n’est pourtant pas une certitude, dit Imane Ouelhadj : « La réforme pourrait revoir à la baisse le nombre de boursiers, afin de donner plus aux plus précaires. »

Le mode de calculdevrait aussi être revu. Notamment pour supprimer les effets de seuils, comme l’explique Etienne Matignon : « Concernant le revenu des parents, à quelques euros près, un étudiant peut toucher 100 euros de plus ou de moins, ce n’est pas normal ». Sylvie Retailleau semble être d’accord sur ce point : « Il n’est pas acceptable qu’un étudiant se voir retirer sa bourse en raison d’une augmentation de quelques euros du revenu de ses parents », a-t-elle déclaré lors de sa conférence de presse.

Faire varier la bourse en fonction du lieu d’études ?

La Fage souhaite aussi « décorréler la situation de l’étudiant de celle de ces parents. Car un étudiant qui ne vit plus avec eux et ne reçoit pas leur aide financière doit pouvoir être autonome », explique Étienne Matignon.

Autre sujet qui sera discuté : la variation ou non du montant de la bourse en fonction du lieu d’habitation. « Nous sommes favorables à un système différent selon l’endroit où l’on étudie. Car aujourd’hui, même en touchant le plus haut échelon, un étudiant ne peut pas vivre à Paris », souligne Étienne Matignon. Mais Imane Ouelhadj est de l’avis contraire : « Nous sommes contre la territorialisation des montants. Certes, dans certaines villes, les loyers sont moins chers, mais d’autres postes de dépenses coûtent plus cher (le transport, l’accès à la culture…) Donc un étudiant au Mans ou un autre à Paris peuvent galérer autant à la fin du mois. »

Enfin, pour plusieurs syndicats étudiants, réformer les bourses ne sera pas suffisant. L’Unef et L’Alternative plaident ainsi pour la création d’une allocation d’autonomie versée à tous les étudiants, d’un montant minimum de 1.102 euros. Une idée qui semble inenvisageable pour le gouvernement.

Des aides pour cette rentrée

Le gouvernement a annoncé cet été la revalorisation des bourses sur critères sociaux de 4 % et des aides au logement de 3,5 %, ainsi que le prolongement du ticket-restaurant universitaire à 1 euro pour les étudiants boursiers. Ces derniers bénéficient aussi d’une aide exceptionnelle de 100 euros, versée depuis le 15 septembre 2022.

Source: 20minutes.fr
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