« Projet Pegasus » : une rencontre franco-israélienne secrète pour chercher une sortie de crise diplomatique

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Le conseiller à la sécurité du premier ministre israélien, Eyal Hulata, s’est discrètement rendu à Paris en octobre pour discuter du logiciel espion Pegasus avec l’Elysée, révèle le site Axios. La rencontre a été confirmée au Monde par l’Elysée, qui la qualifie de « session utile du dialogue stratégique » entre les deux pays. « Nous demandons des garanties dans l’affaire NSO et y travaillons avec les Israéliens », a commenté l’Elysée.

M. Hulata a rencontré le conseiller à la diplomatie d’Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne. Deux points étaient à l’ordre du jour, selon Axios, qui s’appuie sur des sources israéliennes : l’avancée de l’enquête lancée, en Israël, sur l’utilisation de Pegasus par certains de ses clients, ainsi qu’une « proposition » visant à mettre fin à la crise diplomatique liée au logiciel espion. M. Hulata aurait notamment proposé que les numéros français soient exclus de ceux qui peuvent être ciblés par Pegasus ou d’autres logiciels espions israéliens.

Pegasus, créé par la société israélienne NSO Group, est un très puissant logiciel espion, capable d’infecter un téléphone à distance à l’insu de son propriétaire. Une fois installé, le logiciel est capable de télécharger les historiques des messageries, d’accéder à la géolocalisation de l’appareil, ou encore d’espionner les appels en temps réel ou de déclencher à distance le micro du téléphone.

En juillet, un consortium de médias, coordonné par Forbidden Stories et dont Le Monde faisait partie, avait révélé de multiples dérives commises par les clients de NSO Group. Dans une liste de 50 000 cibles potentielles du logiciel espion se trouvaient notamment Emmanuel Macron, une dizaine de ministres français ainsi que plusieurs hauts diplomates et journalistes français. L’écrasante majorité des cibles françaises du logiciel ont été visées pour le compte du Maroc.

Les révélations avaient déclenché des protestations de la part du gouvernement français. La ministre des armées, Florence Parly, avait demandé, fin juillet, des « éclaircissements » à son homologue, Benny Gantz, l’activité de NSO Group dépendant d’une licence d’exportation qui lui a été accordée par le ministère de la défense israélien.

Fin septembre, Mme Parly avait expliqué, dans un entretien au Monde, avoir demandé aux autorités israéliennes que les numéros français ne puissent plus être ciblés par Pegasus, comme c’est le cas pour les numéros américains ou anglais. « Nous avons eu une réponse nous disant que ce serait le cas. Je ne peux rien vous dire de plus », avait déclaré Mme Parly. Le ministère des affaires étrangères israélien avait alors expliqué au Monde que « les intérêts sécuritaires de la France figurent haut parmi les priorités d’Israël lorsqu’il définit ses politiques [d’exportation] ».

Source: lemonde.fr

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