Présidentielle 2022 : « Nous sommes aussi des écologistes », affirment Christine et Christophe, passionnés de chasse

Christophe et Christine avec Laska et Pikez, leurs chiens de chasse. Le couple n'a pas souhaité être photographié à visage découvert par crainte de représailles de la part d'opposants à la chasse.
Christophe et Christine avec Laska et Pikez, leurs chiens de chasse. Le couple n’a pas souhaité être photographié à visage découvert par crainte de représailles de la part d’opposants à la chasse. — F.Brenon/20Minutes
  • Avant l’élection présidentielle, 20 Minutes a rencontré des familles qui composent la société française d’aujourd’hui. Elles évoquent ce qui a changé au cours de ce mandat, leurs attentes et leur vision du monde politique actuel.
  • Près de Nantes, Christophe chasse le petit et le gros gibier depuis 25 ans. Sa compagne l’a imité récemment.
  • Bien conscient des critiques, le couple affirme ne pas se reconnaître dans l’image qui est faite des chasseurs dans les médias et réseaux sociaux.

Quand on pousse le portillon blanc, un épagneul breton et un pointer anglais accueillent joyeusement le visiteur. « Ils font partie intégrante de la famille. Mais ils n’ont pas le droit d’entrer à l’intérieur », sourient les propriétaires de cette jolie maison de lotissement. C’est ici, à Couëron, à 20 minutes du centre-ville de  Nantes, que vivent Christophe et Christine. Lui exerce un poste à responsabilité dans une entreprise du tertiaire, elle est aide-soignante.

« Plus qu’une passion, un mode de vie »

Des métiers prenants pour lesquels le couple « ne ménage pas ses efforts ». Alors pour s’évader le week-end, les deux quinquagénaires, parents de deux et trois enfants issus d’une précédente union, sortent les chiens, enfilent les bottes et des habits kaki. Direction un marais, un bois ou une forêt des alentours pour chasser. Leur passion commune. « C’est plus qu’une passion, c’est devenu un mode de vie », appuie Christophe.

La chasse, cet amateur de course à pied et de pêche est tombé dedans quand il était ado dans le Finistère. « A la demande d’un agriculteur du coin, on allait tirer les étourneaux qui faisaient des dégâts dans l’ensilage », se souvient-il. Mais c’est à l’âge de 25 ans qu’il se décide à passer son permis pour pratiquer régulièrement. « J’aime le contact direct avec la nature, s’enthousiasme-t-il. La chasse, c’est intuitif, on fait appel à tous nos sens, on est à l’écoute. Ce n’est pas la 5G. Je peux rester cinq heures sans bouger sous la pluie pour attendre le bon moment. C’est ça le plaisir. On n’y va pas pour tuer. »

« On ne tue que ce qu’on souhaite manger »

« C’est très physique, complète Christine. On marche dans la boue, on crapahute, on passe sous des barbelés. C’est de la bonne fatigue. » Elle ne connaissait rien à la chasse avant de rencontrer Christophe. « Il n’osait pas trop m’en parler. Il savait que c’était mal perçu. » L’aide-soignante découvre alors un milieu qui ne « correspond pas à l’image qu’en donnent les médias ». Elle se sent « bien accueillie » malgré l’omniprésence masculine. Et finit par solliciter à son tour le permis de chasser. « Il faut connaître les espèces, l’armement, la réglementation, les consignes. C’est très pointu. On ne fait pas ce qu’on veut, surtout en matière de sécurité. »

Le fusil d'un chasseur lors d'une partie de chasse (Illustration).
Le fusil d’un chasseur lors d’une partie de chasse (Illustration). – Petr Sznapka/ AP /SIPA

Depuis deux ans, ils pratiquent en couple, avec la même philosophie. « Hormis les battues administratives, on ne tue que ce qu’on souhaite manger. Et on ne gaspille aucune partie de l’animal. » Ils racontent le bourguignon de sanglier, le hachis parmentier de chevreuil, le magret de pigeon ramier, le filet de lièvre aux pommes caramélisées… « La viande de gibier, c’est délicieux. Ce n’est pas industriel comme peut l’être un steak végétal. Tous les chasseurs qu’on connaît ont plaisir à cuisiner et à partager. »

« Quelques fois on admire l’animal et on le laisse filer »

Propriétaires de cinq armes à feu dont une « vieille pétoire », Christine et Christophe affirment s’en servir assez peu, contrairement aux idées reçues. « Ça nous arrive de chasser pendant douze heures d’affilée sans tirer une seule balle. Il y a des quotas, des situations précises à respecter. Ce n’est pas le défouloir. » « Quelquefois on profite juste de l’instant, insiste Christophe. On admire l’animal et on le laisse filer. La beauté d’un chevreuil, ses ruses pour ne pas se faire repérer, sont fascinantes. »

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Les critiques des écologistes, le père de famille, qui rêvait petit de devenir ornithologue, a du mal à les entendre. « On fait des opérations de nettoyage, on replante des haies. Je sais parfaitement dans quel environnement j’évolue, je vois sa fragilité, je le respecte. Nous sommes aussi des écologistes », revendique-t-il. « On veut nous faire passer pour des nuisibles, déplore Christine. Les gens sont de plus en plus coupés de la campagne, il y a une grande méconnaissance de la chasse. »

« La chasse n’a rien à voir avec la politique »

S’il reconnaît que le « bruit de la détonation peut faire peur », et que certaines pratiques « peuvent choquer », comme la chasse en enclos ou celle des grands gibiers africains qu’il « ne cautionne pas », le couple, qui dépense « plusieurs milliers d’euros » par an en cotisations et équipements, tient aussi à rappeler que les chasseurs ont une « mission de régulation » reconnue par les pouvoirs publics. « Les sangliers prolifèrent en raison du réchauffement climatique et font de nombreux dégâts sur les cultures, par exemple. » Il considère que les accidents [ 80 l’an dernier dont sept mortels] sont excessivement médiatisés en comparaison de leur « rareté ». « On ne pointe du doigt que la responsabilité des chasseurs. Mais il ne faut pas oublier que l’immense majorité des bois et champs sont privés. Il y a des panneaux, des clôtures, mais les gens viennent quand même s’y balader. »

Les activistes anti-chasse, souvent virulents, les obligent à se montrer prudents. « On s’est fait crever les pneus plusieurs fois le week-end. Vous trouvez ça normal ? » Christophe essaie parfois de « dialoguer sur les réseaux sociaux » avec les opposants. Christine, elle, préfère éviter le sujet. « Il y a des gens, des collègues notamment, qui ne comprennent pas et me verraient comme une tueuse. »

Dimanche, ils ne voteront pas pour Yannick Jadot (EELV), qui propose d’interdire la chasse le week-end et pendant les vacances. « Comment fait-on quand on travaille en semaine ? Nous sommes beaucoup d’actifs quand même. » Leur choix dans l’isoloir se portera toutefois sur d’autres priorités. « La chasse n’a rien à voir avec la politique, soutient Christophe. Il y a d’autres sujets  beaucoup plus importants pour notre avenir. »

Source: 20minutes.fr
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