Orelsan sort une version ultime, et gênante, de son album « Civilisation »

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A l’approche de la fin d’année, synonyme de course aux cadeaux de Noël, la réédition d’un album, un an après sa sortie, constitue un bon plan marketing pour vendre un disque quand ce dernier n’est pas encore certifié disque d’or ou de platine. Mais Orelsan avait-il vraiment besoin de ça ? Son quatrième et remarquable album, Civilisation, publié en novembre 2021, a été certifié disque de diamant, soit 500 000 exemplaires vendus en à peine quelques mois.

Vendredi à minuit, le rappeur publiait pourtant une ultime édition, en y ajoutant dix nouveaux morceaux non retenus pour la première version. Drôle d’idée que de faire les fonds de tiroir, au risque de dénaturer un projet bien ficelé et plébiscité. Preuve de ce succès : deux de ses concerts (sur trois) à la Paris la Défense Arena, du 8 au 10 décembre, sont complets, avec plus de 40 000 spectateurs pour chaque date.

Enivré par le succès de la deuxième saison de la série documentaire Montre jamais ça à personne, diffusée sur Amazon Prime Video et réalisée par son frère, Clément Contentin, qui dévoile justement la fabrique de ce disque et met l’accent sur ses ratés, Orelsan a peut-être voulu ajouter du son aux images. Pour le coup, on comprend pourquoi les titres en question n’ont pas passé le premier casting. Toujours perdu quand même, Ok super, Ah la France… sont musicalement très faibles. Les Aventures de MiniSan ressemble à une version encore plus puérile du titre La Quête ; Civilisation perdue est comme un anti Civilisation, en très défaitiste ; Point de rupture, morceau cynique sur la déconfiture d’un couple, reste loin, bien loin du titre Sublime, de son collègue Disiz.

Orelsan semble se complaire à se saboter, à se peindre plus « beauf » qu’il ne l’est dans, par exemple, Ah la France… Pour se laver les oreilles, on réécoute Manifeste, au texte fin et sarcastique, et l’enivrant L’Odeur de l’essence. Même le duo avec Angèle, Evidemment, qui n’avait pas été enregistré à temps pour figurer sur la première version, tombe comme un cheveu sur la soupe – mais sans doute sa présence n’aurait-elle pas été plus heureuse sur Civilisation.

La « private joke » fonctionne certainement pour les fans d’Orelsan qui ont regardé la série, mais pas pour les autres, qui ne sont pas abonnés à Amazon Prime Video, qui se moquent des secrets de fabrique et qui veulent garder en mémoire un album tel qu’ils l’ont découvert, apprécié et réécouté. Cette édition ultime est donc bien gênante. Il n’est pas forcément bon de ressortir ce qui a été jeté à la poubelle, même pour faire marrer tout le monde.

Source: lemonde.fr

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