Musique : au Festival de Lucerne, une programmation sous le signe de la diversité

Autres articles
1 De 872

Après deux années coronavirales sous le joug de la pandémie, le directeur du Festival de Lucerne, Michael Haefliger, a inscrit sa programmation sous le signe de la diversité. Sept cheffes d’orchestre, vingt-quatre compositrices et seize œuvres écrites par des musiciens noirs questionnent l’histoire d’une industrie musicale majoritairement blanche et mâle, au sein d’un monde où le genre, l’orientation sexuelle et l’origine ethnique ont pris un tour prioritaire. C’est ainsi que le matin du dimanche 28 août convie celui qui fut surnommé le « Mozart noir », Joseph Bologne (1745-1799), ci-devant chevalier de Saint-George, violoniste virtuose et compositeur d’origine guadeloupéenne, fils d’un planteur français et d’une esclave, qui fut l’un des hommes les plus en vue de son temps. Parmi son imposant catalogue, cette Symphonie en ré majeur op. 11 n° 2, emmenée avec énergie et virtuosité par le Mahler Chamber Orchestra et son premier violon, Matthew Truscott.

Très attendue, la célèbre Symphonie concertante KV 364, de Mozart, qui réunit le violon d’Isabelle Faust et l’alto d’Antoine Tamestit. Les deux solistes se sont joints à l’orchestre pour l’introduction, avant que l’archet aérien de l’Allemande, élégamment vêtue d’un minimaliste kimono bleu et or, n’ouvre la voie à la félicité du dialogue entre solistes. La magnifique sonorité du Français s’est fondue dans la ligne racée de sa partenaire. Sur le souffle, la cadence pousse le duo aux limites de l’osmose.

Fluidité, science du phrasé et perfection technique concourent à l’excellence d’un « Andante » expressif mais sans pathos, tandis que le « Presto » final met en valeur la galvanisante complicité des artistes, dont le duo à fleuret moucheté prend des allures de joute facétieuse. C’est tous musiciens debout que le Mahler Chamber Orchestra prend ensuite les rênes de la Symphonie KV 425 « Linz », de Mozart. Total renversement de régime : la direction quasi militaire de Matthew Truscott donne à l’œuvre une raideur et un poids dramatique hors de propos.

Temps fort de la thématique « diversité » avec le concert consacré aux œuvres de Tyshawn Sorey, « artiste étoile » du Lucerne Festival 2022, au même titre que la chanteuse sud-africaine, Golda Schultz. Batteur, pianiste, tromboniste, compositeur et chef d’orchestre, l’Afro-Américain oscille entre jazz et musique contemporaine, mêlant musiques écrites et improvisées. A 42 ans (il est né le 8 juillet 1980), le musicien a notamment créé, en 2018, à Philadelphie, en lien avec le mouvement Black Lives Matter, Cycles of My Being, dédié au ténor Lawrence Brownlee sur des poèmes de Terrance Hayes.

Source: lemonde.fr

laissez un commentaire