Le FBI a acheté le logiciel espion Pegasus en 2019

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La police fédérale américaine a fait en 2019 l’acquisition d’une version du puissant logiciel espion Pegasus, révèle le New York Times vendredi 28 janvier. Selon le quotidien américain, une infrastructure technique permettant d’utiliser le logiciel pour espionner les téléphones américains a été installée dans un bâtiment du FBI, dans le New Jersey.

Pegasus permet de prendre le contrôle total d’un téléphone, à distance et à l’insu de son utilisateur. Conçu et vendu par la société israélienne NSO Group, le logiciel est utilisé par plusieurs dizaines de services de sécurité ou de police dans le monde, officiellement uniquement pour lutter contre le terrorisme ou le crime organisé. A l’été 2021, Le Monde et les médias partenaires du « Projet Pegasus », coordonnés par Forbidden Stories, avaient révélé de multiples cas de violation des droits de l’homme commis par le biais de ce logiciel, utilisé dans de nombreux pays autoritaires pour espionner opposants politiques, avocats ou journalistes.

Des enquêtes de presse avaient déjà montré que NSO Group avait tenté de vendre son logiciel espion à des forces de police américaine, aux douanes américaines, ou encore à l’United States Secret Service, chargé notamment de la protection du président des Etats-Unis. Officiellement, aucun service de sécurité du pays n’en a fait l’acquisition. Toutefois, selon les informations du New York Times, le FBI a bien acheté une licence de Pegasus mais assure n’avoir réalisé que des « tests » du système, avant d’abandonner le projet après les révélations du « Projet Pegasus ».

En théorie, les téléphones américains ne peuvent pas être ciblés par ce logiciel espion : NSO Group affirme bloquer les tentatives de ciblage lorsqu’un numéro américain est visé. Mais pour ses éventuels clients américains, qui ne seraient pas soumis à cette limitation, l’entreprise a développé une autre version du logiciel, baptisée « Phantom ». C’est cette dernière qui a été acquise par le FBI.

En novembre 2021, les Etats-Unis ont placé NSO Group sur la liste des sociétés jugées dangereuses pour la sécurité nationale. Les firmes américaines n’ont plus le droit de vendre des produits ou des services à l’entreprise israélienne, par ailleurs confrontée à de multiples procédures judiciaires de la part de victimes de surveillance illégale. En Hongrie, par exemple, plusieurs journalistes et militants politiques dont les téléphones ont été infectés par Pegasus ont annoncé avoir déposé une série de plaintes, vendredi 28 janvier.

NSO Group est aussi au cœur d’une double enquête en Israël, après que le quotidien économique Calcalist a révélé que Pegasus avait été utilisé par la police du pays, dans un cadre vraisemblablement illégal ; parmi les victimes présumées figurent plusieurs maires et militants politiques. Le ministère de la justice et le contrôleur général de l’Etat, chargé de faire respecter les grands principes éthiques au sein de l’appareil public, ont tous les deux lancé des investigations.

A ces procédures pourrait logiquement s’ajouter une commission d’enquête parlementaire aux Etats-Unis, après les révélations du New York Times.

Le ministère des affaires étrangères finlandais a annoncé, vendredi 28 janvier, avoir découvert des traces d’infection par le logiciel espion Pegasus dans les téléphones de plusieurs de ses diplomates. Une enquête interne, qui s’est concentrée sur « les téléphones de diplomates finlandais en poste à l’étranger », a permis de découvrir des traces du logiciel espion dans leurs téléphones, écrit le ministère dans un communiqué.

Le ministère ne précise pas combien de diplomates ont été visés, ni à quelle période, et n’émet aucune hypothèse quant aux auteurs de ces piratages, se bornant à expliquer que « les clients de NSO Group [l’éditeur israélien du logiciel] sont exclusivement des Etats ».

Source: lemonde.fr

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