La planète entière mange toujours aussi mal aujourd’hui qu’il y a trente ans

Même s’il existe beaucoup plus de choix au supermarché aujourd’hui, la planète entière ne mange pas mieux qu’il y a trente ans selon la plus large étude jamais parue sur ce sujet.

supermarché

Même s’il y a plus de choix sur les étalages des supermarchés, nous ne mangeons pas mieux aujourd’hui qu’il y a 30 ans.

Riccardo Milani / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Au supermarché, les étals de fruits et légumes regorgent de variétés locales ou exotiques. Mais on a vite fait de laisser les rayons de mangues, de pommes ou de bananes pour aller fureter dans les allées dédiées aux biscuits ou aux sucreries. Même si le choix est aujourd’hui bien plus varié qu’il y a trente ans, nous ne mangeons pas mieux aujourd’hui que par le passé, selon la plus large étude jamais publiée à ce sujet dans Nature food. Les habitudes alimentaires de 185 pays ont été passées au crible entre 1990 et 2018. Et peu importe la région du monde, personne n’a drastiquement amélioré sa façon de manger.

Pour comprendre à quel point notre façon de manger a stagné, les chercheurs de la Friedman school of nutrition science and policy de la Tuft university a Boston (Etats-Unis) a imaginé un score par pays. L’échelle va de 0 pour un régime alimentaire très pauvre en nutriments, avec beaucoup de sucres et de viandes transformées, à 100 pour désigner un régime alimentaire avec assez de fruits, de légumes, de noix et de céréales complètes. En moyenne, la plupart des pays ont un score autour de 40,3. Une amélioration minime de 1,5 point depuis 1990. Si la consommation de noix, de légumineuses et de légumes a augmenté avec le temps, ces améliorations ont été complètement grévées par la présence grandissante de viande rouge et de viandes transformées, de boissons sucrées comme les sodas ainsi que l’addition de sodium dans les aliments.

Le Vietnam, l’Iran et l’Indonésie en tête

Cette étude est la première à dresser un panorama aussi exhaustif de la situation à travers le monde et à montrer certaines variations selon les pays. En trente ans, les Etats-Unis, le Vietnam, la Chine et l’Iran font partie des pays où la possibilité de manger sainement a nettement augmenté. En revanche, l’accès à des aliments équilibrés s’est détérioré en Tanzanie, au Nigeria mais aussi au Japon. Certains pays sortent leur épingle du jeu, avec des scores supérieurs à 50. Il s’agit du Vietnam, de l’Iran, de l’Indonésie et de l’Inde.Mais cela ne représente qu’une très faible part de la population mondiale. Les pays en bas du classement sont le Brésil, le Mexique, les Etats-Unis et l’Egypte. La France fait partie des pays avec un score entre 40 et 43, dans la moyenne des pays du monde. A l’échelle des continents, la région du monde avec le score le plus élevé est l’Asie du Sud, avec 45,7 sur 100, tandis que l’Amérique latine et les Caraïbes ont un score de 30,3, le plus bas de tous.

26% des maladies évitables dans le monde sont dues à une mauvaise alimentation. Mais pour mettre en place des politiques incitatives de santé publique, il faut d’abord comprendre qui viser selon l’âge, le sexe ou encore le lieu de résidence. L’article de Nature food a passé en revue 1.100 études issues de plus de 185 pays. Leurs résultats montrent que parmi les adultes, les femmes sont plus enclines à adopter les régimes alimentaires conseillés que les hommes. De même, les adultes plus âgés étaient plus enclins à adapter leur alimentation que les plus jeunes. De plus, les facteurs socioéconomiques jouent pour beaucoup dans l’adoption de ces réflexes. Les adultes et les enfants « éduqués » avaient en général un régime de meilleure qualité. Les auteurs de l’étude soulignent le rôle que jouent les habitudes alimentaires dans la petite enfance : plus les enfants sont jeunes et plus il est facile de leur faire adopter de bons réflexes. Avec l’âge, ces bonnes habitudes tendaient à se relâcher chez les enfants.

Equilibrer son assiette

Peu importe le pays du monde, l’équation pour mieux manger réside en une seule phrase évidente : incorporer plus d’aliments sains dans son assiette et réduire la part d’aliments mauvais pour la santé. « Cela suppose que les politiques qui incitent à manger sainement, comme les programmes gouvernementaux, les politiques agricoles et les conseils donnés dans le milieu médical pourraient avoir un impact important dans la qualité de l’alimentation non seulement aux Etats-Unis mais aussi dans le monde« , commente Dariush Mozzafarian, professeur en nutrition à la Tuft University et co-auteur de l’étude.

Cette étude est si détaillée qu’elle pourrait servir de base pour mettre en place de nouvelles politiques afin d’inciter à manger sainement, notamment plus de céréales, de fruits de mer et d’huiles végétales. C’est la première à analyser à la fois le comportement alimentaire des adultes et des enfants à l’échelle mondiale. Pour les chercheurs, la prochaine étape constitue à tenter d’observer de quelle façon une mauvaise alimentation peut directement causer des maladies à travers le monde. L’idée est aussi de montrer de quelle façon les différentes politiques de santé et les programmes alimentaires peuvent avoir un impact positif à l’échelle globale, régionale et nationale.

Source: Sciencesetavenir.fr
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