La Fête de la musique, une quadragénaire qui garde son esprit butineur

Autres articles
1 De 872

Le sujet occupait presque une pleine page du Monde du mardi 22 juin 1982, daté mercredi 23, à l’exception de deux courts encarts d’informations brèves. Pas de photographie, pas de dessin, ce n’était pas l’usage à l’époque, et six articles en petits caractères relataient la première Fête de la musique, organisée dans la soirée du lundi 21 juin. « Enthousiasmes et silences », résumait le titre d’un compte rendu global, tour de France des grandes villes ayant répondu à l’invitation faite aux Françaises et au Français de descendre dans la rue pour y présenter leur savoir-faire musical.

L’opération avait été pensée quelques semaines plus tôt lors d’une réunion entre le ministre de la culture d’alors, Jack Lang, le directeur de la musique au ministère Maurice Fleuret et l’architecte Christian Dupavillon, qui avait été chargé de la cérémonie du 21 mai 1981, au Panthéon, marquant l’arrivée au pouvoir du président socialiste François Mitterrand. « Nous voulions que ce soit la fête de toutes les musiques et faire en sorte que le public soit le créateur de son propre événement », se souvient Jack Lang.

Cette première « Fête (faites) de la musique ! », comme il est imprimé sur les affiches placardées deux semaines avant le 21 juin 1982, doit commencer à 20 h 30. Pendant une demi-heure, il est demandé que toutes celles et ceux qui savent jouer d’un instrument, chanter, de l’amateur au virtuose, se fassent entendre. Ensuite, la spontanéité pourra s’épanouir plus tard dans la soirée.

Sur notre page, il est mentionné quelques chorales à Lyon, un seul concert dans un musée à Agen, mais qu’à Montpellier ou Laval les gens étaient « très nombreux à leurs fenêtres ou dans la rue », et que Strasbourg avait bien participé au contraire de Nice.

Aix-en-Provence, où la Fête a été suivie par Paul Chovelon, Bordeaux, confié à Pierre Cherruau et Cherves, à la « limite de la Vienne et des Deux-Sèvres », indique Bernard Hilbert, ont droit à des articles détaillés. Avec mentions que cette manifestation est bien « une idée parisienne » et que l’on avait pas attendu l’injonction ministérielle pour que les pratiques en amateur fleurissent ici et là depuis des lustres.

A Paris, Jean-Michel Durand-Souffland va d’un quartier à l’autre. La Musique des gardiens de la paix est au parc Montsouris, un ensemble classique amateur à la gare d’Austerlitz, le boulevard Beaumarchais est désert quand place de La Bastille une grande scène accueille des groupes rock et que le site fait le plein, comme place de la République. Vers 23 h 30, Saint-Germain-des-Prés est « noir de monde », mais Montparnasse « plus que calme ». Dans son analyse, titrée « Vertus et limites de l’organisation », commencée en « une », le critique et spécialiste de la musique classique Jacques Lonchampt, plutôt favorable à l’initiative, regrette toutefois que les « tentatives individuelles aient été en général noyées dans la masse des manifestations organisées par des professionnels ».

Source: lemonde.fr

laissez un commentaire