La Chine médiévale, le ghetto de Varsovie, un thriller fantastique… Une semaine en lectures

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Du ghetto de Varsovie recréé par Sophie Blandinières à la Chine médiévale chère à J. M. G. Le Clézio, des vicissitudes du Voyage au bout de la nuit dans le monde du cinéma à la longue et riche vie de Robert Bober, qui y revient dans un livre de souvenirs « éparpillés », Par instants, la vie n’est pas sûre, en passant par l’univers fantomatique et rebelle de Catherine Dufour, les livres de la semaine parcourent inlassablement le temps et l’espace.

RÉCIT. « Par instants, la vie n’est pas sûre », de Rober Bober

C’est au journaliste et écrivain Pierre Dumayet (1923-2011) – avec lequel il a constitué un « attelage amical », qui fut l’honneur de la télévision française –, que Robert Bober adresse ce précieux livre, tout en délicatesse, en modestie jamais affectée. A ce complice aussi qu’il emprunte son titre. De ce que « par instants, la vie ne soit pas sûre », l’écrivain sait la part menaçante, lui qui fut un enfant caché sous l’Occupation, et dont l’œuvre littéraire comme cinématographique tourne autour de la disparition des juifs d’Europe.

Et si cette dimension n’est certainement pas absente de ce livre préoccupé de transmission, si la possibilité du pire est rappelée au détour de plusieurs passages, il s’agit ici d’abord de célébrer, dans l’incertitude de l’existence, la possibilité du meilleur. De louer ces hasards que sont les rencontres, et qui ont orienté l’existence de l’auteur, ancien tailleur devenu assistant de Truffaut, puis comparse de Dumayet, ami de Georges Perec, puis, à 60 ans, écrivain.

Récit « éparpillé » et admirable sur l’amitié, Par instants, la vie n’est pas sûre est porté par un refus de l’emphase et du pathos qui fait la beauté lancinante de ce livre où l’on apprend à écouter et regarder les autres, à cheminer avec ses vivants et ses morts, en se rendant disponible aux rencontres et aux surprises. A se retourner sur son passé sans nostalgie, mais en sachant dire l’importance de ce qui a été. Raphaëlle Leyris

ROMAN. « La Chasse aux âmes », de Sophie Blandinières

La littérature qui s’empare de la destruction des juifs d’Europe prend souvent le parti de se rabattre du côté des exécuteurs, pour tenter d’approcher par la fiction les mécanismes du mal, sinon ceux de la souffrance.

Sophie Blandinières fait le choix inverse en racontant la lutte pour la survie d’un groupe d’enfants et d’adolescents du ghetto de Varsovie. Dans La Chasse aux âmes, ce sont les persécuteurs qui constituent la masse informe, tandis que le privilège d’avoir un visage est réservé aux persécutés.

Source: lemonde.fr

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